Séville : Biennale 2006

mardi 2 octobre 2007 par Nadia Messaoudi

Un bilan artistique éclectique

Une Biennale de transition

Les "coups de coeur"

La 14ème édition de la biennale de flamenco de Séville s’est close le dimanche 15 octobre, avec les danseuses Merche Esmeralda et Manuela Carrasco.
Sur trente jours de programmation, le bilan artistique est plutôt mitigé. La biennale avait déjà mal commencé.
En effet, le spectacle d’ouverture de la Biennale, dont était chargée la chorégraphe et danseuse Cristina Hoyos, a été annulé à la dernière minute pour des raisons encore obscures. Devant cet imprévu c’est le chorégraphe Mario Maya qui a présenté le spectacle d’inauguration de la Biennale.
Un spectacle nommé « L’Andalousie, le flamenco et l’humanité » dont la mise en scène laisse à désirer. Dans son ensemble, la programmation s’est caractérisée par son éclectisme laissant s’exprimer des courants divers comme la danse contemporaine ou l’intrusion dans le flamenco de musique classique ou d’instruments plus orignaux comme la batterie.
Le thème de cette 14ème édition de la Biennale étant la danse, un hommage a été rendu à Israel Galván, un des plus grands danseurs et chorégraphes de cette décennie, qui a eu le privilège d’y présenter trois spectacles. « Arena » (représenté à Marseille en juillet 2005), « Tabula Rasa » (Table rase) et la première de « La Francesa » (La Française).
Salué par la critique « La Francesa » est sans doute, le meilleur spectacle de la cette Biennale. Dans cette œuvre, seule danse Pastora Galván, la petite sœur d’Israel. Un spectacle puissant, plein d’humour et de subtilité que l’on verra bientôt en France.
Parmi les moments forts de cette biennale, on retiendra les spectacles du chanteur Tomás de Perrate dans « Perraterías », le spectacle de Miguel Poveda venu présenter son dernier disque « Tierra de Calma », la rencontre inédite de deux grandes voix : le Madrilène Diego El Cigala et le Malien Salif Keita qui ont chanté ensemble « Je t’aime mi amor » ; le magnifique spectacle de danse de « Gitanas » mis en scène par Farruquito et le dernier spectacle de la danseuse grenadine Eva la Yerbabuena « El Huso de la Memoria » (Le fuseau de la mémoire).
La biennale ce sont aussi des rendez vous manqués. Comme le spectacle de Belén Maya, danseuse et chorégraphe, qui a présenté son dernier spectacle « Dibujos ».Une œuvre didactique mais où le spectateur se perd entre flamenco et danse contemporaine.
Même déception mais à un autre niveau pour Fernando de Terremoto avec son spectacle Calendario. Le chanteur, à la voix riche d’émotion, était ce soir là incapable de chanter. Enfin, des artistes très attendus comme le pianiste Dorantes, la danseuse Carmen Cortes ou le guitariste Juan Carlos Romero n’ont pas été à la hauteur des espérances du public.

(Pastora Galván "La Fancesa")

La biennale de flamenco s’est clôturée le 15 octobre dernier mettant ainsi fin à 30 jours de flamenco dans la capitale andalouse.
Créé en 1980, la biennale de flamenco se veut le rendez vous incontournable des amoureux du flamenco. 26 ans après, la biennale est devenue la vitrine mondiale de l’art flamenco. Les plus grands artistes s’y succèdent. Cependant cette édition était de l’avis de nombreux critiques une Biennale de transition. D’une part par son budget. Après des années de faste, le budget 2006 de la Biennale atteignait cette année 2 millions d’euros. Une somme non négligeable, certes, mais bien en dessous des budgets des éditions précédentes. D’où une programmation réduite. Alors que les années précédentes, la Biennale pouvait compter jusqu’à 120 spectacles, on en comptait 60 cette année.
Une programmation réduite mais qui a attiré le public. 93 % des spectacles ont affichés complets (soit 53 spectacles des 55 programmés). Cet événement mondial a attiré davantage de visiteurs étrangers. Dans une enquête réalisée par les services culturels de la mairie, il est révélé que 70% du public est étranger. Les Japonais sont loin devant les Américains et les Français. Un événement qui attire également son lot de journalistes. Sur les 110 journalistes accrédités, 35 sont étrangers.
La biennale de flamenco 2006 est donc un bon cru sans être un cru d’exception. Et c’est dans le domaine artistique que le bilan est plus mitigé.
Cependant Séville confirme une fois de plus qu’elle est bien la capitale andalouse du flamenco. Dans sa prochaine édition, la 15ème, la Biennale projette de revenir à une programmation plus complète. Rendez vous en 2008.

"Coups de coeur"

Les « Perraterías » de Tomás

Tomás de Perrate a présenté le spectacle Perraterías le 1er octobre au théâtre central de Séville. Ce chanteur gitan originaire d’Utrera est l’héritier d’une des plus grandes familles de flamenco. Dans son spectacle mis en scène par le producteur Ricardo Pachón, il ose la fusion entre le flamenco, le rock et le reggae en invitant une batterie, une guitare électrique, tout en conservant les instruments traditionnels du flamenco comme la guitare. Antonio Moya, le guitariste nîmois exilé depuis de nombreuses années à Utrera a donné un concert tout en subtilité et force. Et comme danseur, Pepe Torres a démontré une fois de plus sa fougue et son talent. Le point fort du spectacle était l’hommage à feu Fernanda de Utrera, la chanteuse décédée cet été. Un hommage final pour lequel Tomas a invité tout le clan de Utrera à venir chanter et danser, sur scène, une Bulería qui restera marquée dans les mémoires des spectateurs. Un spectacle profond et divertissant comme on aime les voir.

Miguel Poveda présente « Tierra de calma »

Impossible de trouver une seule place pour le concert de Miguel Poveda. Le

chanteur barcelonais était un des rendez vous les plus attendus de la Biennale. Son spectacle « Tierra de calma » (Terre de calme), du nom de son dernier disque, a fait l’unanimité. Miguel Poveda au summum de sa carrière est venu chanter à Séville pour Séville. Tango, Farruca, Soleá, n’ont aucun secret pour lui. Le jeune chanteur a force de travail et d’abnégation maîtrise aujourd’hui une grande palette de chants.
Pour ce spectacle, Miguel n’a pas lésiné sur les moyens : il s’est entouré des meilleurs artistes. Juan Carlos Romero, guitariste, compositeur et directeur artistique de l’album ; Diego Carrasco venu chanter sa bonne humeur de Jerez ; le pianiste Dorantes de Lebrija. Enfin à la danse, la divine Eva La Yerbabuena telle une muse endiablée a enflammé le théâtre.
Un spectacle inédit comme seule la biennale sait les faire.
Miguel Poveda se produit le 7 novembre au théâtre des Salins de Martigues.

La splendeur des « Gitanas »

L’autre merveille de cette Biennale est sans aucun doute, le spectacle « Gitanas » qui s’est produit à deux reprises au théâtre de Lope de Vega, les 13 et 14 octobre, à guichet fermé. Sur scène les dignes héritières du danseur gitan El Farruco, Rosario et Pilar, entourées des danseuses Angelita Vargas, Carmelilla Montoya et Saray de los Reyes . « Gitanas » regroupe les plus grandes et belles danseuses et chanteuses gitanes de notre temps. Les Farruco, plus qu’un clan, est une tradition ancrée dans la tradition du flamenco « puro ».
Mis en scène par Farruquito, le petit fils de Farruco, le spectacle rend hommage aux « cafés cantantes » (Cafés flamenco) du début du siècle. A partir de là tout est effusion de chant, de danse, d’énergie intense et contrôlée.
L’art flamenco est andalou mais ses représentants restent les gitans qui savent lui donner toute sa dimension artistique.

Nadia Messaoudi

Photos : D R





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