dimanche 7 avril 2024 par Claude Worms
Transcription intégrale de la composition de Salvador Gutiérrez.
Dans notre critique de "11 bordones", nous avions écrit à propos de la taranta "Dos Guitarras para ti" qu’elle valait à elle seule pour un traité de composition flamenca. La minera "El arroyo" ne figure pas au programme de ce disque, mais son écriture et son interprétation sont tout aussi magnifiques. Nous avons souvent soutenu que les "palos libres" sont des pierres d’achoppement, tant pour le chant que pour la guitare. La maîtrise des compases — c’est-à-dire le minimum syndical pour tout artiste flamenco — donne toujours aux compositions, même médiocres, un semblant de cohérence. Confronté à l’absence de compás, le musicien ne peut compter que sur son inspiration, sa connaissance du langage du flamenco et son exacte conscience du temps musical à grande échelle.
Le moins que l’on puisse écrire est que Salvador Gutiérrez ne manque d’aucune de ces qualités, ce qu’il doit sans doute à son expérience de l’accompagnement du cante. En témoignent également sa granaína et sa rondeña, que nous avons eu le bonheur d’écouter en concert (pour un deuxième album ?). Remarquons qu’ici, pour l’essentiel, il ne s’écarte guère de des harmonies fondamentales de la minera : tout ou partie de la cadence C#m(7) - B(7) -A/G - G#(sus 2) ; insistance sur la quinte diminuée (Ré bécarre) caractéristique des cantes de mina et de leur accompagnement. Notons cependant qu’à plusieurs reprises, il harmonise cette note par un accord de D (et non par un accord de E7) précédant l’accord de C#(7), initiant ainsi la cadence flamenca par une cadence phrygienne secondaire (II-Im) inattendue — cf. par exemple le premier trémolo : A7M - B7 - D#dim - E - D - C#m7 - B - A/G - G#(sus2) (page 3, dernier système à page 6, premier système).
Des chromatismes figurent ça et là le cante (cf. entre autres, page 2, deuxième et troisième systèmes), mais le dialogue chant / guitare habite surtout constamment le flux musical par l’agogique et la dynamique de l’interprétation — ce qui suppose évidemment l’aisance technique adéquate... Nous avons renoncé à noter les accelerandos, rallentandos, ritardandos, etc. incessants, qui auraient surchargé inutilement la partition et auraient rendu son déchiffrage problématique. Il vous faudra donc écouter attentivement l’enregistrement... et, pourquoi pas, vous fier à votre intuition.
Claude Worms
Autre composition de Salvador Gutiérrez disponible sur Flamencoweb :
"Salvicas" (siguiriya y cabal)
Photo : Manjavacas / Deflamenco.com
Transcription (Claude Worms)
NB : la transcription étant déjà fort dense, nous n’avons pas tenu compte des légères variantes pour les reprises.
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