Retour sur le Festival Flamenco de Nîmes, côté coulisses

mardi 13 février 2024 par Claude Worms , Maguy Naïlmi

Le Festival Flamenco de Nîmes fêtera en janvier 2025 son trente-cinquième anniversaire. Une telle longévité, qui plus est pour une périodicité annuelle, est quasiment unique en France, et même en Espagne : seul le Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan est de quelques mois son aîné (trente-cinquième anniversaire également en juillet prochain)...

... L’autre spécificité de Festival Flamenco de Nîmes est d’être organisé par une scène conventionnée d’intérêt national (art et création – danse contemporaine), statut auquel le Théâtre Bernadette Lafont a accédé en 2018 — trois spectacles du festival sont d’ailleurs proposés chaque année dans l’abonnement à la saison.

Parmi les festivals de flamenco d’audience internationale, celui de Nîmes est depuis longtemps considéré par les artistes comme un jalon essentiel de leur carrière (là encore, comme celui de Mont-de-Marsan). Il doit cette réputation non seulement à l’exigence de ses programmations, mais aussi à la qualité chaleureuse de l’accueil dont ils bénéficient (ainsi que les médias et le public d’ailleurs), comme à celle de l’organisation et de la réalisation technique des représentations.

Une telle notoriété doit beaucoup au dévouement et à l’afición des différentes équipes, permanentes ou recrutées spécifiquement, qui travaillent sans compter et collaborent entre elles bien en amont et, plus encore, lors du rush d’une dizaine de jours du milieu du mois de janvier : accueil des artistes et logistique ; accueil de la presse et communication ; équipe technique ; billetterie. C’est dire si le flamenco imprègne la vie quotidienne du théâtre une bonne partie de l’année : à peine une édition est-elle terminée que l’on prépare déjà la suivante, quand les deux tâches ne se chevauchent pas...

Amélie Casasole, directrice du Théâtre Bernadette Lafont

Entretien avec Madame Amélie Casasole, directrice du Théâtre Bernadette Lafont et du Festival Flamenco de Nîmes

Avant d’être nommée à la direction du Théâtre de Nîmes, je dirigeais une scène conventionnée de même nature à Villefranche-sur-Saône et j’avais la chance d’y organiser déjà un festival annuel, non de flamenco mais de musiques actuelles. Quand un festival est intégré dans une saison, c’est toujours un peu la même énergie. J’avais déjà l’expérience de cette temporalité du festival, de ce moment un peu hors du temps long de la saison, pendant lequel on va mobiliser toute l’énergie de l’équipe, de la communication, avec énormément de public, énormément d’artistes sur une période donnée. J’avais aussi l’habitude de travailler avec un conseiller artistique à la programmation. Quand on réfléchit sur un festival portant sur un art en particulier, sur une discipline en particulier, il est très important de s’appuyer sur quelqu’un qui a un regard aiguisé et qui va être à l’affut de toutes les nouveautés. L’important pour un festival, c’est aussi de faire émerger de nouveaux talents, d’être au cœur de l’actualité. La collaboration avec des spécialistes de la discipline est donc essentielle. De plus, il m’était naturel de m’inscrire dans la continuité des deux précédentes éditions parce que j’avais pu apprécier la qualité du travail de Chema Blanco, qui a une connaissance fine du flamenco.

Il existe une tradition flamenca à Nîmes, le public y est très passionné, avec ce que cela comporte de jugements très tranchés. C’était mon premier festival flamenco en tant que directrice, nous sommes arrivés à la dernière soirée et, franchement, tout s’est très bien passé. J’ai abordé les choses avec simplicité, j’ai un regard extérieur, je ne prétends pas être une spécialiste du flamenco. Je suis une spécialiste de la politique culturelle, de l’action culturelle. Ce qui m’importe est d’être une bonne cheffe d’orchestre et de m’appuyer sur les connaisseurs. A partir du moment où l’on respecte les artistes, les aficionados, les spécialistes, je pense que les gens le sentent. Les rencontres se font alors avec beaucoup de spontanéité et de sincérité. J’ai adoré vivre ce moment et j’ai hâte de vivre la prochaine édition.

Le festival est un moment à part dans la saison également sur le plan de sa préparation. Nous y travaillons toute l’année dans les coulisses : prendre contact avec les artistes, être au courant de ce qui va se faire, rédiger les contrats, préparer l’accueil technique, etc., tout cela représente des mois de travail et ça nous occupe beaucoup dans l’année. Mais nous nous concentrons vraiment sur le partage avec le public au moment du festival.

Les deux dernières éditions étaient très centrées sur la création flamenca contemporaine, surtout pour la danse. Nous en avons beaucoup discuté avec Chema Blanco et il est exact que nous avons programmé plus de cante cette année. Il avait envie de présenter trois générations : Jesús Méndez, qui n’est pas très âgé mais tout de même très installé ; Israel Fernandez, le jeune "phénomène" qui explose en ce moment ; et puis hier, au Musée de la Romanité, Ismael de la Rosa qui est encore très jeune. C’était vraiment intéressant, nous avions trois styles très différents, trois cantaores avec une forte personnalité. Cela aussi est important dans un festival : donner une place à la modernité, mais aussi aux maîtres et à des propositions plus grand public. Je pense que nous avons trouvé un bon équilibre entre de grands formats fédérateurs, y compris dans la danse, et des œuvres plus expérimentales, plus audacieuses. C’est ce que permet un festival concentré sur quelques jours : donner un aperçu de tout ce que le flamenco propose aujourd’hui. Par exemple, nous avons programmé le concert de Rocío Márquez et Bronquio à La Paloma, qui est une salle de musiques actuelles. Nous avons pourtant constaté une belle mixité de publics, amateurs de musique électro et de flamenco. Nous avons peut-être réussi à les réconcilier. Je pense que pendant un festival, on se laisse tenter, on a un autre regard, on enchaîne les spectacles et on ose prendre des risques. On y repense, ça nous fait des références. On se laisse porter par la découverte et même si l’on aime moins l’électro, les musiques de fusion... Ce que j’ai retenu, c’est que les gens n’ont pas passé un mauvais moment, bien au contraire. Et ça a fait beaucoup parler les "puristes", donc c’est bien. Les débats ne font jamais de mal.

Bien sûr, la danse est un marqueur fort et c’est l’identité du Théâtre de Nîmes. Mais nous voulions plus du chant et de guitare. Nous avons décidé que le concert de clôture serait consacré à la guitare. Et là, c’est un concert qui vient célébrer quarante-cinq de carrière, et aussi de transmission. Gerardo Nuñez vient avec cinq grands guitaristes qui ont été ses élèves. Il y aura donc sur scène une rencontre humaine très forte. Ils sont heureux de se retrouver. C’est aussi ce que nous aimons dans ce festival, ce côté un peu familial, assez spontané. Ce sont d’immenses musiciens, il y a énormément de travail derrière, mais une grande simplicité dans la rencontre. Nous avons pris un certain risque. Nous ne le regrettons pas : la salle est presque pleine, il reste très peu de places.

Nous sommes déjà en train de travailler à l’édition des trente-cinq ans du festival. Nous avons vraiment envie de marquer cet anniversaire. Nous préparons des surprises, nous voulons faire sortir les artistes du théâtre, associer d’autres lieux au festival, les bodegas par exemple, multiplier les rencontres avec le public. Nous avons présenté cette année un spectacle au lycée Alphonse Daudet, une très belle expérience en partenariat notamment avec les professeurs d’espagnol. Nous souhaitons poursuivre avec les jeunes générations. Nous allons essayer d’organiser des animations dans les rues, mais en restant modeste — janvier oblige. En fait, l’idée est de partager avec le plus grand nombre, pas seulement avec les gens qui peuvent acheter un billet.

L’ambition de la prochaine édition serait que les nîmois "vivent flamenco" pendant dix jours. En tout cas, nous allons faire une grosse fête.

De gauche à droite : Élodie Calas, Houria Marguerite et Mélissa Durand – équipe accueil de la presse et communication / MarÍa Velasco Jurado, Milly Fellez et Elsa Ossart – équipe accueil des artistes et logistique / Aïcha Lannier – responsable de la billetterie

Entretiens avec quelques membres des équipes du théâtre et du festival

Équipe accueil des artistes et logistique

Elsa Ossart (permanente du théâtre) :

Je suis l’administratrice de production du théâtre, et je m’occupe tout particulièrement de la production et de la coordination du festival de flamenco. A partir du mois de mars, Chema Blanco nous envoie la liste des spectacles et des artistes qu’il souhaiterait programmer pour le prochain festival. Nous commençons alors à évaluer les budgets et à prendre contact avec les compagnies. La programmation est établie à peu près définitivement au mois de juin. Nous commençons la communication en septembre, et nous demandons aux compagnies et/ou aux artistes les photos, les vidéos et les dossiers qui nous permettront d’élaborer la brochure du festival.

Ensuite commence la production proprement dite, entre autres la rédaction des contrats en tenant compte des spécificités des régimes fiscaux et sociaux des artistes étrangers. En novembre, nous préparons la logistique, en particulier pour les voyages. María Velasco, qui est avec nous depuis quatre ans maintenant, m’aide beaucoup pour les organiser de concert avec les compagnies, ce qui me permet de me consacrer plus spécifiquement aux tâches administratives et à la coordination avec les services techniques, Pierre Lannier (régisseur général plateau), ou Laurent Aigon (intermittent, régisseur son et vidéo), etc., et avec les services comptables — les éventuels problèmes ou malentendus techniques (fiche technique manquante ou trop incomplète, par exemple) et budgétaires sont ainsi pris en charge très rapidement. En fait, l’essence de notre métier, c’est tout de même de trouver des solutions pour tout... et nous les trouvons. Il faut juste rester optimiste et ne pas céder au stress.

Je travaille aussi en étroite relation avec les collègues chargées des relations avec le public et des projets parallèles, Élyse-Marie Cabasson et Adèle Brouard, et, évidemment, avec l’équipe de la communication. Du coup, à mon niveau, je suis en contact avec un peu tous les services pour coordonner tout ça. Au mois de janvier, nous travaillons sur l’accueil des artistes et des compagnies. Chaque jour, María Velasco et Milly Fellez les prennent en charge "physiquement", tandis que je peaufine l’aspect administratif.

María Velasco (engagée spécifiquement pour le festival) :

J’arrive en novembre ou décembre, selon les années. J’aide prioritairement les artistes ou les petites compagnies qui n’ont pas les moyens d’avoir du personnel de production, ou celles qui proposent des spectacles très récents, à organiser leur venue à Nîmes, surtout pour les voyages. Puis, en janvier, j’organise les plannings journaliers des chauffeurs pour aller les chercher aux aéroports, surtout celui de Marseille mais aussi ceux de Montpellier et du Pont du Gard, ou à la gare de Nîmes. Il nous est aussi arrivé de faire des trajets jusqu’à Barcelone. Nous devons aussi résoudre des aléas de dernière minute. Nos plannings sont donc flexibles et adaptables à tout moment. En fait, ce ne sont pas seulement des chauffeurs : ils parlent tous anglais, espagnol et français, ce qui est indispensable pour ce travail, et ils sont toujours aux côtés des artistes, jusqu’à leur départ, pour les aider en toutes circonstances, pour aller au restaurant, pour découvrir la ville quand ils en ont le temps, etc. Ce sont des chauffeurs accompagnants.

Nous nous arrangeons pour que les artistes arrivent un jour avant la date de la représentation et repartent le lendemain. C’est essentiel pour eux et pour nous, pour assurer une marge de manœuvre. C’est beaucoup mieux pour la tranquillité de tout le monde : j’ai travaillé avec des compagnies, et j’ai pu mesurer combien il est dur de voyager et de travailler le même jour.

Elsa Ossart :

Comme ils arrivent la veille, ils peuvent assister au spectacle du jour, voir les copains, dîner avec eux. Entre professionnels, artistes et producteurs, il y a ainsi des temps de rencontre. Le fait que chaque personne séjourne au moins deux jours à Nîmes crée une ambiance plus détendue. Ils ont aussi un pass pour visiter les arènes ou voir des expositions. Beaucoup reviennent pour plusieurs éditions et aiment profiter de la ville. Il nous arrive aussi de prolonger la soirée après les représentations, et d’endosser le rôle de guide touristique, de jour ou de nuit — Nîmes by nigth...

En tant que permanente du théâtre, ce qui me plait beaucoup, c’est que le festival est un temps fort de relations humaines, de rencontre avec de nouveaux collègues qui apportent une nouvelle énergie. Nous avons la même équipe recrutée spécialement pour le festival depuis quatre ou cinq ans, María, Milly et aussi Céline Garcia Navio pour les traductions (interviews, rencontres avec les artistes, conférences), Sandy Korzekwa aussi, qui est la photographe du théâtre, mais pas que... . Ce sont des fidèles qui connaissent bien la maison. Une vraie confiance s’est installée entre elles et les permanent(e)s du théâtre, avec les artistes, avec le personnel des hôtels. Avec Il se passe vraiment quelque chose entre nous pendant le festival, qui nous fait oublier la fatigue. María et Milly ont beaucoup travaillé dans le flamenco. Elles y connaissent tout le monde. C’est beaucoup grâce à elles que je peux faire des rencontres, sinon je serais toujours dans mon bureau. Par exemple, mon coup de cœur de cette année aura été de déjeuner avec Jesús Méndez et Pepe del Morao. Ce moment privilégié n’a été possible que parce qu’elles sont toutes les deux avec les artistes toute la journée. Ce sont leurs référentes, elles sont fondamentales parce que les artistes savent qu’ils peuvent compter sur elles, quoi qu’il arrive.

Milly Fellez (engagée spécifiquement pour le festival) :

Oui, en fait je pense que ce qui est important, c’est que nous sommes les premières et les dernières personnes qu’ils voient. Pour eux, nous sommes l’image du festival et pour le théâtre, nous représentons l’accueil du flamenco. Parler espagnol est important parce que ça va vite, nous gagnons du temps — pas seulement la langue, aussi un "accent", une façon d’être qui leur est familière. Nous revenons chaque année parce que nous nous attachons aux gens et à l’ambiance du festival. Nous sommes tout de suite plongées dans un bain que nous aimons. Nous disposons de pochettes remplies d’informations pour être autonomes. Il y a toujours beaucoup d’imprévus. Il nous faut être adaptables, dès que nous recevons une information, pour décider comment nous la transmettons, comment nous la transformons. Là où nous sommes, nous connaissons tout le monde, le personnel du théâtre, mais aussi celui du restaurant, celui de l’hôtel. Le simple fait de connaître les prénoms de tout le monde, ça crée des liens. Une anecdote : alors que nous travaillons pour la première fois avec l’Apart City (l’hôtel Atria, qui accueille habituellement les artistes et les journalistes, est en travaux), la réceptionniste nous a dit : "Travailler avec vous est un plaisir. Revenez quand vous voulez, on est trop content." C’est vraiment un métier de l’ombre... mais finalement pas tant que ça, parce que nous sommes aux premières loges, et aux dernières.

Elsa Ossart :

Toutes les trois, nous avons vécu à Séville, et nous connaissons cette manière de vivre. Même pour des choses qu’on pourrait croire sans importance comme le fait de dîner après les spectacles, jamais avant. C’est flamenco... Nous pouvons expliquer au personnel de l’hôtel et du restaurant comment il faut traiter les artistes, pas tout à fait comme les autres artistes de la saison. C’est une autre ambiance, et finalement ça leur plait, d’autant que Nîmes est une ville un peu espagnole.

Milly Fellez :

Il y a aussi de belles anecdotes. Par exemple, je pense à Tomás de Perrate qui nous a dit combien le rendez-vous avec Nîmes était important pour lui, en termes de carrière, mais aussi humainement. Les artistes reviennent avec de nouvelles propositions, ils grandissent artistiquement avec nous.

Elsa Ossart :

A chaque fois, ils soulignent la qualité de l’accueil, celle des relations avec l’équipe technique, le charme de la ville... tout en fait... c’est un tout.

Billetterie

Aïcha Lannier (permanente, responsable de la billetterie) :

Nous sommes trois à la billetterie, pas forcément à plein temps pendant la saison, mais toutes mobilisées pour le festival, en alternance au guichet du théâtre ou réparties entre les différentes salles quand plusieurs spectacles sont programmés le même jour.

Notre principal problème, c’est de nous efforcer de répondre à toutes les demandes. Surtout pour les trois spectacles proposés dans l’abonnement qui sont très remplis dès septembre. Si bien qu’en novembre, quand nous commençons les réservations pour l’ensemble du festival, ils sont presque complets. Nous ouvrons alors des listes d’attente gérées par la billetterie. Nous les établissons dans l’ordre chronologique des inscriptions, avec les noms et les contacts, si bien que dès que des places se libèrent, nous les proposons en priorité dans cet ordre. En décembre, nous avons la tendance générale, avec de nombreux spectacles déjà complets, surtout pour la salle de l’Odéon qui a une capacité nettement inférieure à celle du théâtre. A l’ouverture du festival en janvier, nous demandons à toutes les personnes de régler leurs réservations. En fonction des retours, nous connaissons précisément le nombre de places disponibles pour chaque spectacle. Nous conseillons aux spectateurs encore sur liste d’attente de nous rappeler régulièrement (certains le font six ou sept fois) et, éventuellement, de venir au guichet juste avant les représentations.

Jusqu’à ce que les artistes soient sur scène, il reste toujours des opportunités. Là encore, nous prenons les noms dans l’ordre des demandes. Pour David Coria par exemple, dont "Los bailes robados" affichait complet dès septembre, nous avons tout de même pu vendre au moins vingt-cinq places une heure avant le lever de rideau. Pour Israel Fernández également. Donc, ça fonctionne. Je dis toujours que, tant que le spectacle n’est pas passé, il faut garder espoir, il y aura sûrement des places.

Pierre Lannier (permanent, régisseur général plateau) :

Pendant la durée du festival, les spectacles se succèdent très rapidement. Nous devons parfois travailler sur plusieurs le même jour. Nous gérons comme nous pouvons, parce que nous les montons avec autant de soin que s’il s’agissait de spectacles isolés, comme pendant le reste de la saison. Nous avons parfois le temps d’y travailler pendant la journée, mais nous sommes souvent contraints de continuer de nuit : nous avons deux équipes de jour qui alternent avec une équipe de nuit. Être prêt pour le spectacle peut se jouer à une heure ou deux, maximum.

Il est toujours un peu compliqué de travailler avec les artistes flamencos. Ils sont constamment en recréation. Il faut s’adapter aux conditions du théâtre, toujours différentes de celles du lieu où ils ont créé. Beaucoup de temps pour les répétitions, mais aussi beaucoup de temps pour les réglages techniques : il nous faut concilier ou mélanger tout ça. Il faut tenir compte des contraintes de lumières et de décors — pour Patricia Guerrero, nous devions monter un échafaudage pour positionner les musiciens. Il nous a fallu le monter la nuit précédente, le démonter la nuit suivante. En même temps, nous devions régler le son et les lumières à l’intérieur de l’échafaudage. Et il y avait une dizaine de danseurs et de musiciens...

Par rapport à d’autres style de danse, la particularité des spectacles de flamenco est évidemment la frappe des pieds sur le plateau, qui implique un système de sonorisation spécifique. Soit, nous positionnons des micros sous le plancher pour capter les frappes, soit nous posons un micro directement sur les chaussures. Il nous arrive aussi de combiner les deux dispositifs. Il y a donc un gros travail, déjà très long, sur la sonorisation des pieds. Il ne faut pas que ce soit trop violent, pour que ça s’harmonise avec les instrumentistes et avec les chanteurs. Et ça pour ce que vous entendez de la salle, mais la sonorisation du plateau est encore une autre affaire. Ensuite nous mixons les deux dispositifs sonores pour que l’ensemble soit "écoutable". Voilà pour le son, restent les lumières, les décors...

Les exigences en matière de reverb sont vraiment spécifiques aux chanteurs et aux guitaristes flamencos. Ils en demandent beaucoup, beaucoup plus que pour les musiciens d’autres genres musicaux. Nous respectons autant que possible leurs exigences. Ce qui n’est pas négociable tout de même, c’est le seuil de décibels fixé par la loi française. Parfois, ça dérape un peu... Le son flamenco n’est pas facile à gérer, entre les guitares, les frappes, le chant... on ne sait pas toujours d’où ça va partir...

Le temps de préparation varie beaucoup, selon la précision des fiches techniques que nous recevons et la date de création des spectacles. Par exemple, "Los bailes robados" ayant été créé début décembre, David Coria n’a pu nous indiquer que les grandes lignes de la scénographie, sans savoir comment elle allait évoluer précisément. En général, nous commençons le travail avec les compagnies début septembre. Les artistes nous disent ce qu’ils veulent, nous leur expliquons ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire, et nous ajustons petit à petit à force de compromis. De toute façon, les lieux des représentations en tournée sont toujours différents du lieu de la création. Nous essayons en tout cas de coller au mieux avec leurs projets. Nous recevons les fiches techniques en septembre, nous accélérons à partir d’octobre pour aboutir autant que possible avant le 6 décembre. C’est un peu une dead line pour nous parce qu’ensuite, avec les fêtes de fin d’année selon les traditions espagnoles, les artistes ne sont plus disponibles jusqu’au 6 janvier ("Los Reyes Magos"). Puis nous reprenons quasiment jusqu’au jour J, parce qu’ils modifient leurs spectacles en permanence. Ils nous envoient des plans pour savoir si ça passe ou non et, quand ils arrivent, nous adaptons encore et encore. Je ne peux pas évaluer le nombre d’heures de travail que tout cela implique, mais en tout cas, nous y passons du temps.

Dans le spectacle vivant, le "normalement" n’existe pas. Pour l’édition précédente, nous avions toutes les fiches au mois de septembre, mais cette année seulement la moitié. Ensuite, elles sont arrivées au compte-gouttes. Certains spectacles sont achetés avant d’être créés, la fiche technique n’existe donc même pas. La première d’"Après vous, Madame" de Paula Comitre, avait eu lieu le 4 janvier alors que la représentation à l’Odéon était programmée le 16. Donc, jusqu’au 4, nous avons fait des suppositions : nous savons qu’il va y avoir un piano et une seule danseuse, donc, tant de techniciens, tels et tels micros, etc. ; puis nous avons ajusté à la dernière minute.

De plus, nous travaillons à tout cela dans le même temps où nous préparons le reste de la saison. Outre les tâches techniques, il nous faut élaborer des plannings avec le nombre de personnes nécessaire à la réalisation de chaque spectacle. C’est toute une logistique à mettre en place. Finalement, le résultat dépend des spectacles ; il dépend des gens, il dépend des productions, il dépend de tout...

Équipe presse et communication

Houria Marguerite (permanente, responsable de l’équipe), Mélissa Durand (permanente, chargée de la communication) et Élodie Calas (permanente, chargée de communication numérique et graphisme) :

La période du Festival Flamenco est particulière : tout s’arrête et nous nous mobilisons pour le Festival, nous sommes dans le flamenco en permanence. Notre mission est d’accueillir les journalistes qui ont souhaité assister aux spectacles du Festival, leur faciliter les rencontres avec les artistes, leur mettre à disposition l’ensemble des outils nécessaires afin qu’ils puissent assurer leur travail correctement.

Le service communication presse œuvre pour le Festival Flamenco dès la rentrée en septembre. En effet avant d’accueillir toute la presse en janvier, un travail énorme en termes de communication est lancé. Dès septembre, les spectacles sont dévoilés par la direction à l’équipe. Notre mission consiste tout d’abord à recueillir un maximum d’éléments afin de communiquer sur l’ensemble des spectacles, et à préparer le programme qui sera diffusé au public abonné du Théâtre ou non. Cette mission est menée en collaboration avec Elsa Ossart, coordinatrice du Festival. La partie graphisme et mise en page de la brochure, ainsi que l’ensemble des documents relatifs à cet événement (affiches, cartes postales, dépliants…) est assurée par Elodie Calas, qui est également responsable de tout le secteur numérique (réseaux sociaux, site internet).

Les textes de présentation sont rédigés par les trois membres du service. En ce qui concerne la presse, pour chaque spectacle, deux dossiers de presse sont préparés, réalisés et mis en forme par Mélissa Durand, l’un en français et l’autre en espagnol. Pour ce dernier, Nadia Messaoudi, collaboratrice du Festival installée en Espagne, se charge de la traduction.

Une fois la date de conférence de presse de présentation du festival arrêtée, le service se met en mode "turbo" Festival Flamenco. Une première conférence a lieu à Nîmes évidemment. Amélie Casasole, nouvelle directrice du Théâtre de Nîmes, l’a présidée pour la première fois cette année, accompagnée de Sophie Roulle, Adjointe à la culture, et de Chema Blanco, conseiller artistique pour le flamenco. Houria Marguerite se charge de convoquer l’ensemble de la presse régionale pour un rendez-vous au Théâtre afin de dévoiler la programmation. Une semaine avant le rendez-vous, une invitation est envoyée aux médias et partenaires de l’opération. Un travail de relance est effectué pour s’assurer que les invités seront présents.

Éodie et Mélissa se chargent de préparer un film vidéo avec des extraits de chaque spectacle accueilli, qui seront projetés durant la conférence. Une table spéciale presse avec des kits médias contenant tous les outils nécessaires aux journalistes (dossier, programmes, dépliants, cartes…) est installée dès le matin. Plus de quarante personnes assistent à ce rendez-vous très attendu. Lors des éditions précédentes, des conférences à Paris et Séville étaient également organisées pour la presse nationale et andalouse. Cette année, pour des raisons budgétaires, ces deux voyages de presse n’ont pas eu lieu. Le kit média a été envoyé à l’ensemble de nos contacts tant au niveau national qu’international.

Dès l’annonce du Festival, les premières demandes d’accréditation arrivent au service presse. Concernant la sélection des personnes accréditées, le Théâtre de Nîmes ayant connu des difficultés financières dont il se remet lentement, les prises en charge ont été réduites. Pour la presse nationale, les séjours ont été écourtés. Pour la presse andalouse, une sélection de journalistes a été effectuée par le conseiller artistique pour le flamenco, Chema Blanco. Pour la presse régionale et locale, le nombre de places disponibles a été revu à la baisse.

Pendant le Festival, l’accueil de la presse est assuré par Élodie, Mélissa et Houria pour un marathon de dix jours. Élodie Calas est la référente pour les réseaux sociaux. Des répétitions aux saluts, d’ateliers en interviews, son smartphone à la main, elle immortalise les moments de vie du festival. Elle a également la charge de la mise en ligne, sur l’espace presse du site internet du Théâtre, de toutes les photos prises par Sandy Korzekwa, photographe officielle du Festival, qui les met à disposition des médias pour leurs articles à venir. Élodie assure aussi ponctuellement des permanences au guichet presse les soirs de spectacles.

Mélissa Durand et Houria Marguerite s’occupent du bon déroulement des rendez-vous calés entre les artistes et les médias, après les avoir organisés, et sont de permanence au guichet invitations presse tous les soirs.

L’installation des photographes et de caméras dans la salle avant l’entrée du public est prise en charge par l’une des trois.

A l’issue des spectacles, tout le monde, équipe du festival, artistes et journalistes prend un repas en commun dans un restaurant partenaire. Le service communication prend également en charge avant les premiers jours du Festival, une grande partie logistique : préparation des badges d’entrée pour les artistes, d’accès pour l’équipe, d’accréditation pour la presse ; de l’attribution et la réalisation des tickets repas nominatifs pour le catering… tout le monde se doit d’être polyvalent et disponible !

Propos recueillis par Maguy Naïmi et Claude Worms

Photos : Sandy Korzekwa / Théâtre Bernadette Lafont





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