Interview de Luis Ybarra, directeur de la Biennale de Flamenco de Séville

lundi 6 mai 2024 par Claude Worms , Maguy Naïmi

La XXIIIe Biennale de Flamenco de Séville se déroulera cette année du 12 septembre au 4 octobre. Avec soixante-deux spectacles et dix-sept créations sur trois semaines, la programmation s’annonce particulièrement riche et équilibrée entre chant, guitare et danse, maestros consacrés et jeunes artistes, tradition(s) et innovation. Son directeur, Luis Ybarra, a eu la courtoisie de répondre à nos questions malgré un agenda que nous devinons bien rempli. Nous l’en remercions chaleureusement, ainsi que María Antonia Ruiz, chargée de la communication du festival, grâce à laquelle nous avons pu réaliser cette interview.

Présentation de la XXIIIe Biennale sous les auspices d’Antonio Mairena

Flamencoweb Parlons d’abord du processus d’élaboration de la Biennale. Commence-t-il dès la fin de la précédente ? Pouvez-vous nous donner un calendrier approximatif de ses différentes phases ?

Luis Ybarra La vingt-troisième édition de la Biennale a débuté quand j’en ai pris la direction, l’été dernier. D’abord j’en ai esquissé le programme mentalement. En juillet ont commencé les appels d’offre et, à partir de septembre, nous avons tenté de transformer les idées en projets. De toutes façons, l’idéal pour organiser un festival de cette envergure, avec soixante-deux spectacles, des activités parallèles, des coproductions et tant de personnes impliquées, c’est de travailler sur deux ans. C’est ainsi que j’essayerai de procéder pour la Biennale de 2026.

FW Vous avez été nommé le 13 juillet 2023. A cette date, votre prédécesseur, Chema Blanco, avait-il déjà prévu des spectacles ? Si oui, les avez-vous conservés ? Dans ce cas, comment les avez-vous inscrits dans la globalité de votre propre projet ?

L.Y Une des premières personnes que j’ai rencontrée quand j’ai été nommé, c’est Chema Blanco Il ne pouvait en être autrement pour connaître l’état des lieux. Je me rappelle un seul conseil de sa part : "fais la Biennale que tu estimes digne d’intérêt". Je suis persuadé que certains spectacles qui sont actuellement dans notre programmation auraient été aussi dans la sienne mais ce sont des projets différents, des visions différentes. Toutes deux respectables. Chacun fait la Biennale qu’il estime digne d’intérêt.

FW En France, les directeurs et programmateurs des grands festivals de flamenco (Nîmes, Mont-de-Marsan, Toulouse qui, malheureusement, n’existe plus) restent en poste sur de longues périodes, ce qui assure la continuité de leurs choix artistiques. Ce n’est pas le cas pour la Biennale, dont les changements de direction sont beaucoup plus fréquents. Existe-t-il à votre avis quelques grandes lignes directrices de la Biennale depuis sa création, par-delà l’image de marque de Séville comme l’un des berceaux historiques du flamenco ?

L.Y. Oui, évidemment. La Biennale pose des jalons que suivent les autres rendez-vous de mêmes caractéristiques. Elle tente de relier le flamenco aux autres arts et de continuer à développer le flamenco comme art scénique. Ce n’est pas seulement une vitrine du flamenco actuel, mais également un moteur artistique qui booste la production, qui réunit les artistes les plus emblématiques de chaque époque, récupère des Maîtres et parie sur les nouvelles valeurs dans des spectacles uniques, créés exclusivement pour la Biennale. Dans cette édition, par exemple, nous avons quarante-sept nouvelles productions et plus d’une quinzaine de débuts en solitaire, et ce ne sont pas que des jeunes : David de Arahal, Alejandro Hurtado, Joni Jiménez, Manuela Carpio, Juan de Juan, Chico Pérez, El Perrete, El Turry, Manuel de la Tomasa, Lela Soto, Caracafé, etc.

FW Des salariés permanents travaillent-ils exclusivement sur les différents aspects de l’organisation de la Biennale (communication, réalisation des livrets, photos, etc.) ? Pour chaque édition et surtout pour la logistique, engagez-vous spécifiquement des intérimaires ? Faites-vous appel à des bénévoles ? Ces équipes sont-elles plus ou moins stables d’une édition à l’autre ? Pouvez-vous nous dire approximativement combien de personnes seront impliquées dans l’édition 2024 et la proportion entres ces trois catégories de personnel ?

L.Y. La Biennale est un projet de la Mairie de Séville. C’est pourquoi son directeur travaille en collaboration avec une équipe de la Mairie. De plus, certains services font l’objet d’un appel d’offre, comme l’équipe de production et de communication. Nous avons demandé que l’équipe de la Biennale soit permanente, c’est-à-dire qu’elle travaille exclusivement pour ce festival même les années où il n’y a pas de Biennale. C’est quelque chose que j’espère obtenir et j’y travaille car 2024 doit avoir une suite.

FW D’après les dernières éditions, combien de médias (presse et autres) suivent la Biennale ? Quelle proportion entre les médias locaux, andalous, espagnol d’autres régions et étrangers ? Certains couvrent-ils la totalité des trois semaines du programme ? Prenez-vous l’initiative de solliciter ces médias, ou attendez-vous qu’ils vous contactent ? Sur quels critères les choisissez-vous ?

N.B. : nous renvoyons ici nos lectrices et lecteurs au bilan de la Communication que María Antonía Ruiz nous a envoyé.

Informe de Comunicación (Bienal 2022)

FW Mêmes questions pour le public : quel était le nombre de spectateurs lors des dernières éditions ? Quelle proportion de sévillans, d’andalous, d’espagnols d’autres régions et d’étrangers ?

L.Y. La vente des billets a commencé il y a un peu plus d’une semaine et cinq spectacles sont déjà complets. C’est pourquoi nous tablons sur une grande affluence du public pour cette édition. En 2018 le nombre de spectateurs publié dans la presse a été de 120000, en comptant les activités de rue, les gratuites, etc.

Les anciennes études de Saeta ont démontré que 70% du public venait d’ailleurs. Cette proportion a changé à partir de 2010 approximativement et a évolué à nouveau après la pandémie. La Biennale jouit d’une promotion à l’international très intense : bientôt nous allons en Chine et à Paris. Nous continuons a recevoir un public international énorme, des gens d’autres régions et, bien sûr, un important public sévillan.

Affiche de Miquel Barceló

FW Quelles seront les salles qui accueilleront des spectacles en septembre prochain ? Pour affecter tel ou tel spectacle ou concert à telle ou telle salle, tenez-vous compte uniquement du nombre de spectateurs attendus, ou aussi de l’adéquation des caractéristiques du projet avec celles du lieu que vous choisissez ? Les grands théâtres (Central, Lope de Vega, etc.) bouclant leurs saisons très à l’avance, cela pose-t-il problème en amont pour y insérer des spectacles de la Biennale ?

L.Y Nous disposons de dix espaces scéniques : théâtre de la Maestranza, Alcázar, théâtre Central, théâtre Alameda, Espace Turina, monastère de la Cartuja, église San Luis de los Franceses, plus cette année, pour la première fois, El Muelle Camaronero, Caixaforum et l’auditorium de la Cartuja. Chacun d’eux accueille un cycle et, pour plus de cohérence, ces cycles dialoguent entre eux. L’ Alcázar est un temple de rencontres ; le Turina un temple de la guitare ; la Maestraza accueille les grands formats ; le Central, la danse ; l’Alameda, c’est la nuit, avec tout ce que ça suppose de jeunesse, de fête, de "flamencura", de lieu de rencontre et aussi de réflexion. Caixaforum est consacré à la création. San Luis de los Franceses, c’est le flamenco baroque avec Dorantes qui joue Scarlatti. L’auditorium de la Cartuja, c’est le temple du chant et son cycle se clôt sur de nouvelles sonorités ; c’est pourquoi son dernier spectacle est assuré par un big band. Au Muelle Camaronero, ce sont les territoires : cette année l’ Estrémadure car c’est le centenaire de Porrina de Badajoz, mais aussi Jerez et Triana.

Toutefois, chaque cycle a sa propre cohérence à l’intérieur de la programmation. Le Central, par exemple, présente des Maîtres consacrés associés à de nouvelles valeurs. Tradition et avant-garde : le cycle s’ouvre sur un spectacle à deux avec Andrés Marín et Ana Morales et s’achève sur un autre duo, Javier Barón avec Rosario Toledo. Il y a des artistes qui confirment leur présence à la Biennale, comme Paula Comitre, Florencia Oz ou Mercedes de Córdoba et d’autres qui reviennent après quelques années d’absence, comme Joaquín Grilo. Nous avons aussi notre brillante lauréate du Prix National de la Danse, Rafaela Carrasco et également Úrsula López avec son nouveau projet.

FW Qu’en est-il des relations entre la Biennale et les autres grands festivals en Espagne et à l’étranger. Les considérez-vous comme des concurrents ou comme des partenaires ? Existe-t-il des collaborations régulières avec certains d’entre eux ?

L.Y. Bon nombre d’entre eux se considèrent comme des enfants de la Biennale. Ils ne sont en aucun cas des concurrents car, à nous tous, nous permettons le financement des projets scéniques qui naissent et tournent. C’est sur cette ligne que la direction de la Biennale antérieure a beaucoup travaillé. Il faut bien dire que notre marché, c’est le monde entier. Sur ce terrain, la Biennale est la référence et de nombreux festivals et théâtres sont en relation avec nous, depuis la Biennale de Flamenco de Paris jusqu’au théâtre du Canal, pour ne citer que ces deux exemples.

FW Les artistes les plus connus sont à l’affiche de tous ces festivals. Considérez-vous cela comme un atout pour la diffusion mondiale du flamenco ? Ou comme un frein à la création, par des effets de mode ("copions ce qui marche..."). Pensez-vous profiter de la longue durée de la Biennale pour donner plus de visibilité à des artistes moins médiatisés ?

L.Y. La Biennale doit maintenir un équilibre. Les artistes sont choisis en fonction de la capacité d’accueil des salles : Miguel Poveda, Farruquito, Israel Galván, Arcángel, La Yerbabuena... se produisent à la Maestranza qui a une capacité de 1800 places, mais nous avons des artistes moins connus mais tout aussi authentiques que le grand public ne connaît pas. Tous sont absolument nécessaires et ils ont leur propre public. Nous sommes un festival public et nous parions sur le talent sans visée mercantiliste. Si nous voulions absolument vendre un maximum d’entrée nous louerions les arènes et organiserions des concerts de Pop music, mais nous sommes la Biennale de flamenco de Séville... par chance Culture avec une majuscule et loisir un peu plus en minuscules.

FW Comment soutenez-vous les projets de création ? Sur quels critères ? La Biennale finance-t-elle des résidences d’artistes ?

L.Y. Un spectacle se finance avec les premiers contrats d’engagement. C’est-à-dire avec la tournée. Et là, le terme de coproduction est un peu ambigu. Ce n’est pas pour tous les projets que nous payons en tant que coproducteurs une avance supérieure au montant du cachet artistique prévu pour le spectacle. Mais la seule commande du spectacle appuie le projet et permet qu’il se réalise. La Biennale produit seule, mais aussi en coproduction certains spectacles comme celui d’Andrés Marín et d’Ana Morales, le spectacle de clôture d’Israel Galván (avec le Théâtre de la Ville, la Maestranza et l’Opéra de Lyon) ou celui de Paula Comitre. Le critère de sélection, c’est la direction artistique qui le fixe car elle a une vision plus globale du projet.

FW Quand vous concevez la programmation d’un festival, en établissez-vous d’abord les lignes directrices, avant de choisir les concerts et spectacles ? Ou, à l’inverse, choisissez-vous d’abord les artistes et leurs projets, selon vous propres coups de cœur ?

L.Y. Le point de départ consistait à faire une Biennale de Flamenco au cours de laquelle les rencontres artistiques primeraient, dans un monde de plus en plus individualiste : La Tremendita et La Kaíta ; Andrés Marín et Ana Morales ; Jesús Méndez et María Terremoto ; El Pele, Antonio Canales et José Antonio Rodríguez ; Rycardo Moreno et Niño Josele ; Pedro Ricardo Miño, La Macanita et Inés Bacán, etc. C’est-à-dire beaucoup d’affiches partagées et conçues en exclusivité pour la Biennale. Une Biennale sévillane et universelle, avec des artistes de Séville capitale et de sa province, des artistes des autres provinces andalouses, d’Estrémadure, de Madrid, de Catalogne et de l’étranger. En plus de cette pluralité de territoires, elle devait réunir différentes générations. C’est dans ce cadre-là que nous avons défini la programmation. Je crois que chacun a une Biennale idéale en tête, mais cette Biennale est impossible. Moi-même, j’en avais une en tête au mois d’août, mais elle a évolué toute seule jusqu’à sa version finale actuelle. Il y a des projets qui n’aboutissent pas, qui capotent, d’autres qui naissent ou que tu trouves sur ton chemin. Il faut toujours avoir les oreilles et le cœur ouverts, écouter tout et prendre rapidement des décisions importantes, comme nous le faisons, nous les journalistes, quand nous écrivons. Nous choisissons des adjectifs en une seconde , qui seront définitivement écrits sur le papier.

FW Comment concevez-vous l’équilibre entre la création flamenca contemporaine et les expressions plus traditionnelles ? S’agit-il pour vous de deux esthétiques distinctes, ou en fait constitutives au même titre de l’histoire du flamenco. Dans ce dernier cas, envisagez-vous des dialogues entre artistes "iconoclastes" et artistes "traditionnels" ?

L.Y. Je vous réponds comme le créateur de notre affiche, le peintre Miquel Barceló : "Comme à Altamira, le plus ancien est le plus moderne". Le flamenco nous l’apprend. Si on lit ce qui a été écrit sur la Biennale, on voit que les termes "modernité", "avant-garde", "expérimental", etc. sont utilisés indifféremment. Moi, je me pose la question suivante sur la programmation à venir : dans deux-cent ans, Juana la del Pipa ne nous paraîtra t-elle pas plus moderne que d’autres artistes perçus comme transgressifs ? Qu’est-ce que la contemporanéité ? Pour réfléchir à tout cela, nous avons programmé un cycle au Centro Andaluz de Arte Contemporáneo, au monastère de la Cartuja, qui posera la question en partant de sa propre conception. Comme nous voulons démontrer que la contemporanéité a plusieurs aspects, nous avons programmé dans plusieurs lieux du Centre des spectacles différents. José de la Tomasa est aussi contemporain que la rencontre entre la Tremendita et la Kaíta, la danse de Juan de Juan que celle celle de María Moreno dans un spectacle itinérant. Cela dit, il est vrai qu’il y a un public pour tout et que la Biennale ne renonce à rien. Je ne veux en rien pécher par chauvinisme. Il y aura ceux qui voudront aller à l’ Alcazar pour écouter les six chanteurs des années 1970, et ceux qui iront voir Gautama del Campo, Pepe Bao, Tino di Geraldo et Caraoscura au théâtre Alameda — quelque chose de plus cool. Moi, je préfère aller aux deux. C’est çà l’équilibre.

FW De même, comment équilibrer la programmation entre danse, chant et guitare, alors même que les spectacles de danse attirent régulièrement beaucoup plus de public ? L’audience des concerts de guitare, en particulier, reste très restreinte. Malgré le haut niveau des compositeurs-guitaristes programmés pour le cycle "Guitarra desnuda" de la Biennale 2022, la modeste salle de l’Espacio Turina était au mieux à moitié pleine. Est-ce un problème d’éducation du public, de couverture médiatique, etc. ? Pensez-vous cependant continuer à programmer des récitals de guitare ?

L.Y. L’une des caractéristiques de cette Biennale, c’est qu’elle présente plus de cante que d‘habitude. Et je pense qu’il est juste de procéder ainsi : en mettant le chant au premier plan, même s’il y a, bien entendu beaucoup de danse, de guitare, et d’autres instruments, comme le piano, le saxo ou le sitar. Pour attirer plus de public à l’Espace Turina où l’on peut écouter de la guitare de concert, nous avons pris trois initiatives. D’abord dessiner une programmation attirante, dans laquelle il y aura un jour de guitare "nue", avec Pedro Sierra, mais aussi huit jours de projets passionnants, de rencontres, etc., qui unissent et ouvrent la guitare aux quintettes, aux percussions, à l’accompagnement du chant, de la danse, etc. En second lieu nous avons évité les contre-programmations. Il est possible d’assister au récital de guitare puis au spectacle suivant prévu pour la journée. Et troisièmement, nous avons tout programmé sur les week-ends — vendredi, samedi et dimanche à sept heures du soir. On peut ainsi déguster une tapa dans le centre et profiter de la Biennale. Il faut signaler qu’il y aura aussi de la guitare en dehors de l’Espace Turina : au théâtre de la Maestranza, à l’Alcazar et au théâtre Alameda où Raimundo Amador et Emilio Caracafé vont mettre le feu.

FW Autres questions d’équilibre : pensez-vous renouer avec les hommages aux "maestros ancianos", tels ceux auxquels nous avions assistés au Dormitorio de Santa Clara (La Sallago, Felipe Scapachini, etc.) ? Pensez-vous qu’il reste encore beaucoup à faire pour la répartition des engagements entre artistes féminines et masculins ? — la problème ne se pose plus pour la danse, mais subsiste pour le chant et reste malheureusement d’une urgente actualité pour la guitare.

L.Y. Pour le flamenco, les meilleurs hommages sont implicites. Pedro el Granaíno ouvre la bouche et, selon ce qu’il chante, ça nous rappelle, sans qu’il ait besoin de les citer, Camarón, Tomás Pavón, Enrique Morente ou El Chocolate. Et avec sa propre personnalité. L’ouverture se fera cette année sur un spectacle autour de la musique de Paco de Lucía, avec Tomatito et une troupe de luxe. Porrina sera là aussi. Et dans chaque spectacle il y aura des clins d’œil aux plus grands interprètes : à Silverio, à La Argentina, au Negro del Puerto, figure que récupère Esperanza Fernández. Quand nous présenterons les activités parallèles, vous verrez que nous n’avons pas oublié Fernanda et Bernarda, La Perla, La Paquera, etc.

FW La guitare et, dans une moindre mesure, le piano ne sont plus les seuls instruments flamencos solistes. Pensez-vous programmer des concerts d’autres instruments (saxophones, flûte, violon, violoncelle, harpe, etc.), d’ensembles flamencos instrumentaux "de chambre" ou de musique électro-flamenca ?

L.Y. Il y aura Gualberto et son sitar avec Ricardo Miño ; Dorantes qui joue du piano et du clavecin à San Luis de los Franceses ; Pedro Ricardo Miño, également au piano, avec La Macanita et Inés Bacán. Nous avons aussi un big band flamenco que nous avons créé avec l’Instituto Àndaluz de Flamenco, dirigé par Sergio de Lope et Chico Pérez. La guitare offre de vastes opportunités et la rencontre entre Raimundo Amador et Emilio Caracafé, qui a joué avec Pata Negra, nous le démontre. La fête que vont nous proposer Gautama del Campo, Pepe Bao, Ezequiel Reina, Tino di Geraldo et Caraoscura met l’accent sur la basse, les instruments à vent et les percussions.

FW Certaines œuvres de compositeurs contemporains s’inspirent du flamenco. Auraient-elles leur place dans une Biennale ? — nous pensons, entre autres, à Mauricio Sotelo (par exemple, un concert regroupant ses quatre quatuors ?).

L.Y. On pourrait, bien sûr. Le flamenco est vaste et, pour expliquer tous ses aspects, il faut avoir recours à d’autres regards venus d’autres musiques. L’œuvre que présente Rafael Riqueni par exemple, "Nerja", entre dans le cadre du nationalisme musical, comme "Álbeniz flamenco" de José María Gallardo del Rey et Miguel Ángel Cortés.

FW Les dernières Biennales avaient présenté quelques rencontres entre musiciens baroques et musiciens flamencos. Pensez-vous poursuivre ces expériences ? Des collaborations ponctuelles avec le Festival de Música Antigua de Séville sont-elles envisageables ?

L.Y. Soixante-deux spectacles, ça couvre beaucoup de choses mais pas tout. Ces rencontres ont déjà eu lieu au cours d’autres Biennales et il y en aura lors de Biennale futures. Mais dans une même programmation on ne peut pas tout caser. C’est un fait avéré : programmer c’est aussi discriminer en conscience. La rencontre entre le flamenco et la musique ancienne est représentée cette fois par le concert de Dorantes qui se réfère au Baroque par les sonates de Scarlatti. La Biennale est si grande, si immense, qu’en elle on rencontre la musique classique, le jazz, la musique expérimentale, le rock, la sevillana, etc.

FW Quelles seront les grandes orientations des activités annexes : films, expositions, conférences, stages, etc. ? Seront-elles regroupées en cycles cohérents ?

L.Y. Nous les présenterons durant l’été : cycle de cinéma, littérature, expositions, concerts dans la rue, dégustations,etc.

FW Pensez-vous ouvrir la Biennale à des publics qui n’ont pas les moyens d’acheter des billets (spectacles gratuits), y impliquer des quartiers périphériques de Séville, impulser des actions éducatives dans les écoles et les collèges ?

L.Y. Oui, bien sûr. Nous avons déjà annoncé trois spectacles gratuits, ceux de Leonor Leal au Caixaforum. Il y en aura d’autres et ils auront lieu dans différents quartiers de Séville.

FW Avez-vous conçu des projets à long terme, sur plusieurs Biennales ?

L.Y. Je suis déjà en train de travailler sur la Biennale de 2026 qui coïncidera avec le cinquantenaire de la mort de Pepe Marchena. Si vous me laissez la faire…

Interview réalisée par courrier électronique par Maguy Naïmi et Claude Worms

Traduction en français : Maguy Naïmi

Programme de la Biennale 2024


Informe de Comunicación (Bienal 2022)




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