Extrait de "Carabelas" : LP Pathé Marconi / EMI 2402851 (1985)
LA PARTITION
Le "palo"
Voir, dans la même rubrique, notre article : "José Peña : Alegrías"
Les falsetas
Première partie en tonalité de Mi mineur, et seconde partie en tonalité de Mi Majeur : "Salineta" évoque immanquablement, tant par ce plan que par les thèmes mélodiques et les séquences harmoniques, le modèle du genre, "Recuerdo a Patiño", de Paco de Lucía. La pièce est interprétée en solo par Ramón Sanchez. La transcription vous propose l’ essentiel de la section en mineur (le trémolo qui suit l’ introduction, et la falseta suivante, qui précède la modulation en majeur), et le première falseta de la section en majeur.
Dès la deuxième mesure du trémolo, la première falseta module vers le mode flamenco de Si (ou "por Granaína"), relatif de la tonalité de Mi mineur, qu’ elle ne quittera plus : la sous-dominante de la tonalité de Mi majeur (accord de Amin713) est utilisée comme relative mineure du deuxième degré du mode flamenco de Si (Amin substitué à C). La matrice des deux premiers compases est une séquence IV - II - III - II - I (Emin - C - D - C - B). Le deuxième degré est systématiquement remplacé par son relatif mineur, avec une cadence intermédiaire V - I (l’ accord de G agit comme dominante, non sur l’ accord de C, mais sur son relatif mineur, Amin) : Emin - Amin13 - D7 - G - Amin(7) - B7. Le troisième compás est une simple séquence IV - II - I : Emin7 - C7 - B7. La fin du trémolo est basé sur une matrice II - III - II - III - II - I (C - D - C - D - C - B), développée sur trois compases, avec à nouveau la substitution du deuxième degré par son relatif mineur, et des cadences intermédiaires V - I enrichies par des accords de passage de septième diminuée :
_ Vers l’ accord de Amin (substitué à C) : E7 - B7dim - Amin.
_ Vers l’ accord de C : G - F#7dim - C
Nous obtenons finalement : E7 - B7dim - Amin - D7 - G - F#7dim - C - D7 - C - B711.
L’ accord qui conclut le trémolo, B711, change alors de fonction : d’ accord du premier degré du mode flamenco de Si, il devient l’ accord de dominante de la tonalité de Mi majeur, ce qui permet le retour à cette tonalité pour la deuxième falseta.
La deuxième falseta, sur des positions de demi-barrés VII et IV, est inspirée des styles de Paco de Lucía et de Manolo Sanlúcar, dans leur "première période". Elle ne s’ écarte pas des accords de dominante, sous-dominante, et tonique (respectivement B7, Amin, et E), sauf pour une brève incursion vers le sixième degré, C. Le "medio compás" qui suit sert de transition vers la section en tonalité de Mi majeur.
La troisième falseta n’ appelle aucune remarque particulière : mêmes influences stylistiques, et mêmes séquences harmoniques que pour la falseta précédente. Les deux derniers compases sont des réalisations du remate traditionnel des Alegrías : séquences IV - I - V - I (Amin - E - B7 - E), chaque accord occupant une mesure à 3/4.
NB : on notera à l’ écoute deux minimes incertitudes de compás. Nous avons légèrement modifié, pour ces deux passages, le phrasé rythmique :
Aux temps 10 à 12 du compás précédant le "medio compás".
Aux temps 1 à 6 du deuxième compás de la falseta en majeur.
Le LP
Phénomène unique dans l" histoire de la guitare flamenca, "Los hermanos Sanchez" forment un duo de guitares stable depuis presque un demi siècle :
leur premier concert public, au casino de Pau, date de 1963...
Celedonio et Ramón sont nés à Granja de Torrehermosa (Séville), respectivement en 1951 et 1954. Le cadet, Ramón, deviendra le virtuose et le principal compositeur du duo. La famille française s’ établit en France en 1961, et c’ est donc à Pau que les jeunes guitaristes feront leurs premières armes, sur des arrangements de compositions de Sabicas, Paco de Lucía, et Manuel de Falla. Ils disposent cependant rapidement d’ un répertoire original, constitué essentiellement de composition de Ramón.
Lauréats de la Fondation Yehudi Menuhin, ils mènent une brillante carrière de concertistes (Salle Plyel, Sainte Chapelle...) et enregistrent deux disques à Séville ( "Carabelas",1985 ; et "Santa Cruz", 1993), dont les programmes alternent des duos et des solos de Ramón.
"Carabelas" présente six longues pièces : trois duos (Fandangos de Huelva, Rumba, et Zambra), et trois solos (Alegrías, Bulerías, et Soleares). Leur
langage musical repose sur une interprétation personnelle et très séduisante des styles de Sabicas et de Paco de Lucía dans sa période la plus traditionnelle.
L’ enregistrement "à l’ ancienne" (sans palmas ni percussions) met en valeur la virtuosité de Ramón pour les solos, et surtout la grande connivence des deux musiciens dans les duos : leur complémentarité est une heureuse exception, quand tant de duos occasionnels de guitares flamencas sont entachés d’ approximations (par absence de répétitions), ou de déséquilibres entre un "patron" et un "malheureux" second guitariste (voir, par exemple, les disques du duo Sabicas / Escudero : la plupart du temps, Sabicas de contente de jouer ses compositions solos, à charge pour Mario Escudero d’ imaginer les secondes parties de guitare...).
Discographie
"Carabelas" : LP Pathé Marconi / EMI 2402851 (1985)
"Santa Cruz" : CD HS Productions 0893052 (1993)
Alegrías de Ramón Sanchez
Claude Worms
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