Hommage à Enrique de Melchor

1950 (Marchena, Sevilla) - 2012 (Madrid)

mercredi 4 janvier 2012 par Claude Worms

Cette nouvelle année aura donc commencé bien tristement, avec le décès, hier 3 janvier 2012,, à la clinique de la Luz de Madrid, d’ Enrique Jímenez Martínez "Enrique de Melchor", à l’ âge de soixante et un an. Nous perdons avec douleur l’ un des plus remarquables concertistes contemporains, et l’ un des plus grands accompagnateurs du cante de l’ histoire du flamenco (cf : notre article "La décade prodigieuse - 4" dans la rubrique "Articles de fond").

Enrique de Melchor pratiquait son métier en modeste artisan, mais à ce niveau de perfectionnisme, l’ artisanat atteint souvent au génie. Nous lui devons une série de compositions déjà devenues des classiques, sur à peu près toutes les formes du répertoire, enregistrées entre 1977 ("La guitarra flamenca de Enrique de Melchor") et 2005 ("Raíz flamenca") en sept indispensables albums. Il serait vain de tenter d’ établir une liste exhaustive de tous les cantaores avec lesquels il a collaboré sur plus de trois cent disques, d’ Antonio Mairena et José Menese à Ray Heredia, en passant par El Sernita et Chano Lobato (LP "Antonio : genio y duende flamenco", LP Columbia CP 9182, 1967 - son premier enregistrement, avec son père Melchor de Marchena et le guitariste Curro de Jerez), Naranjito de Triana, Fosforito, Enrique Morente, Carmen Linares, El Lebrijano, Pansequito, Luis de Córdoba, José Mercé, Calixto Sánchez, Vicente Soto, El Chaquetón, El Yunque, Carlos Cruz, Amparo Cortés, Enrique Heredia... Avec, quel que soit le partenaire, la même justesse de ton et le même respect attentif.

Je garderai pour ma part le souvenir du jeune guitariste qui répétait inlassablement et discrètement la même marche harmonique "por Soleá", "por Bulería", "por Tango", "por Soleá"... (celle là même que vous entendrez dans la première falseta du duo "por Soleá" avec son père de 1973 - cf : "Galerie sonore"), pendant les quelques trois heures que dura l’ interview de José Menese que Maguy Naïmi et moi enregistrions dans le salon de nos amis Michèle et Claude Delmas. Je me suis depuis empressé d’ acheter chaque nouvel album d’ Enrique, que j’ ai beaucoup pillé, et dont les falsetas m’ ont appris une grande part du peu que je sais de la composition flamenca. ¡Gracias Enrique !

avec Antonio Mairena et José Menese

Enrique de Melchor était l’ un de ces rares artistes dont l’ oeuvre se confond tellement avec notre univers musical quotidien que nous finissons par en oublier l’ auteur ; jusqu’ au jour où la triste nouvelle de leur décès nous contraint à prendre conscience de l’ étendue d’ une perte désormais irréparable.

Claude Worms

Galerie sonore

1973 - 1978 : quelques enregistrements peu (ou pas du tout...) réédités en CD

1973 : avant son premier disque solo officiel de 1977, Enrique de Melchor avait enregistré avec son père le LP "Tesoros de la guitarra gitano - andaluza" (Ariola 82 175 H) - il est crédité sous le nom d’ Enrique Jímenez. La Soleá nous semble être une bonne démonstration d’ une identité esthétique commune (concision, art du silence et de l’ ellipse, précision de la dynamique, sonorité incisive...), par delà les différences de vocabulaire musical (introduction : Melchor de Marchena / puis, de 0’38"" à 2’ 08"" : Enrique de Melchor / puis, jusqu’ à la fin, Melchor de Marchena).

Soleá

1974 : Bulerías. Un rare enregistrement japonais avec le cantaor Enrique Heredia ("Homenaje a Manolo Caracol" : LP Denon ZX 7011 N).

Bulerías

1976 : Cartageneras, avec José Menese (extrait du LP "La palabra" - RCA SPL 1 2413). Enrique de Melchor participait depuis le disque "Renuevos de cantes viejos" (LP RCA LSP 10417, 1970), sous le nom de Melchor Hijo, aux enregistrements de son père avec José Menese, assurant la seconde guitare pour les cantes les plus rythmiques (Cantiñas, Tangos, Bulerías). Il prendra ensuite sa relève (sur cet album avec Manolo Brenes) et deviendra le plus fidèle accompagnateur du cantaor pendant un quart de siècle jusqu’ à "A Francisco", en 2000 (Muxxic 8431 588005064)

Cartageneras

1976 : Siguiriyas (Paco La Luz / Francisco La Perla / Perico Frascola), avec Antonio Mairena (extrait du double LP "Esquema hístorico del cante por Seguiriyas y Soleares" - Zafiro ZND 8055). Enrique de Melchor officie aux côtés de son père, depuis 1973, (LP "Cantes de cádiz y Los Puertos" - Philips 632 8103) pour accompagner Antonio Mairena, là encore comme seconde guitare pour les cantes festeros. En 1976, il alterne avec lui, cette fois en accompagnateur soliste, pour cette remarquable anthologie de Siguiriyas et Soleares.

Siguiriyas

1978 : Malagueña de La Trini, avec Carlos Cruz. Extrait du premier LP du cantaor, "Si mi grito fuera el rayo" (Nevada ND 52 5032)

Malagueña

Transcription (Claude Worms)

"Raíz flamenca" (Siguiriya) : extrait du CD "Raíz flamenca" (East West 5046760732, 2005)

"Raíz flamenca" 1
"Raíz flamenca" 2
"Raíz flamenca" 3
"Raíz flamenca" 4
"Raíz flamenca" 5
"Raíz flamenca" 6
"Raíz flamenca" 7
"Raíz flamenca" 8
"Raíz flamenca" 9
"Raíz flamenca" 10
"Raíz flamenca" 11
"Raíz flamenca" (Siguiriya)

Soleá
Bulerías
Cartageneras
Siguiriyas
Malagueña
"Raíz flamenca" (Siguiriya)




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