Le Festival Flamenco de Mont-de-Marsan 2010

Mont-de-Marsan 2010

mardi 10 août 2010 par Manuela Papino

Cette année, l’ accent est mis plus jamais sur le off, et ça se voit ! Grâce à lui, la petite ville de Mont-de-Marsan, durant cette semaine flamenca, est devenue dynamique, enjouée et accueillante. François Boidron, directeur de la culture et du patrimoine au sein du Conseil Général des Landes, et son équipe, ont réussi leur pari : le off s’ imposa cette année comme la grande nouveauté, impliquant les cafés du centre-ville montois dans la vie flamenca nocturne. Nouvelle également, la présentation d’un spectacle pour enfant, « Flamenco Land » mené par Laura Vital, professeur de chant au conservatoire de Séville, spectacle que l’ on retrouvera tout au long de la Biennale de flamenco de Séville dès le mois de septembre. Destiné à des enfants de 6 à 10 ans, un travail préalable a été effectué dans les écoles locales, puis les enfants sont montés sur scène aux côtés des artistes pour participer activement à ce voyage, dans un parc d’ attraction fictif qui leur permit de découvrir le flamenco. Et puis, alors que 2009 voyait déjà fleurir les spectacles de rue, cette fois-ci, c’est avec Torombo et Felipe Mato que les festivaliers ont pu passer leurs après-midi au bord de la Midouze, devenue pour l’ occasion, flamenca.

Enfin, en cette édition 2010, le Festival de Mont-de-Marsan a bien sûr maintenu les deux programmations qui ont toujours fait sa réputation : d’ une part la Bodega, gratuite, place de la Mairie, qui programme le « flamenco français », et d’ autre part, la programmation forte débutant avec le spectacle du danseur Rafael Amargo à l’espace François-Mitterrand, suivi durant toute la semaine, du Café Cantante qui proposait les traditionnelles soirées en deux parties.

La double « mort » de Rafael Amargo : l’impossible « sencillez »

Ce 5 juillet 2010, le danseur Rafael Amargo présentait son spectacle « La difícil sencillez ». A la question lors de la conférence de presse, « Qu’est-ce que le duende ? », Rafael Amargo se contentait de rire, sans apporter plus de réponse que dans son spectacle.

Un jour, par hasard, un livre tomba d’une étagère sur son pied : la conférence de García Lorca « Juego y teoría del duende », prononcée en 1930 à La Havane. Ainsi raconte avec sympathie et enthousiasme le danseur Rafael Amargo. Fruit du hasard ? Amargo continue en expliquant qu’ il est lui-même de la famille de Lorca et qu’ il a même vécu dans sa maison. Le poète était en effet le cousin de son grand-père, postier de son métier, qui, pour la petite histoire, portait la correspondance illicite destinée à Dali.

« Non. Je ne veux pas voir entrer dans la salle ce terrible bourdon de l’ennui qui relie toutes les têtes par un fil ténu de sommeil, et met dans les yeux des auditeurs ses minuscules pelotes de pointes d’aiguilles » : tels sont les propres mots de Lorca, que l’on aurait pu adresser à Rafael Amargo à la sortie du spectacle.

« J’ aime les défis » rétorqua le danseur aux journalistes, « j’ai donc appelé Pilar Távora, qui est une personne aussi folle que moi, et qui s’ est chargée de la mise en scène, de la dramaturgie, des textes off et des audiovisuels du spectacle. Les projets difficiles me donnent le vertige et c’est ce qui me plaît ». Difficile effectivement d’ expliquer ce qu’ est le « duende ». Et si Amargo a, il est vrai, relevé le défi, le résultat n’ est en revanche, absolument pas convainquant.

Comme le rappelait Pilar Távora, leur grande difficulté fut de restituer une dramaturgie sans passer par le texte. Or, il semble que ce fut mission impossible. L’ écran géant en fond de scène ne cesse de marquer les chapitres par des citations prenant le relai des vidéos, attirant l’ attention du spectateur, non plus sur la scène, mais dans cet univers, mi-littéraire, mi-pictural, dont les allusions nécessitent une concentration particulière afin d’ en réorganiser soi-même le propos. On comprend très vite qu’ il va être difficile de rencontrer le « duende » ce soir-là. Soucieuse de - je cite Pilar - « respecter les concepts importants de la conférence de Lorca », l’ évocation de l’ Andalousie est ici restituée par toute la majesté de ses clichés les plus outranciers. En ces jours, où la Agencia Andaluza para el Desarrollo del Flamenco met tous les moyens en œuvre pour que l’ art Flamenco entre à l’ UNESCO comme patrimoine de l’humanité, on pourrait penser qu ’Amargo devient, involontairement, l’un des meilleurs arguments contraires.

La patience du spectateur est mise à rude épreuve, et l’ on voit donc se succéder tous les clichés surannés sur l’ Andalousie, depuis la queue de taureau attachée au postérieur du danseur, jusqu’ à la tache de sang maculant l’ œillet en boutonnière, ou jusqu’ au ridicule du solo d’ une danseuse en tutu sur « la mariposa blanca », qui transforme presque la chanson mythique de Manuel Molinaen parodie. « Les poètes de la muse entendent des voix, sans savoir d’ où elles viennent, mais ces voix sont celles de la muse qui les anime et qui, parfois, les croque » écrivait Lorca : ce soir-là, Manuel Molina a bien entendu les voix de sa muse, la vraie, celle qui nous ravit en son heure par cette magnifique chanson. Mais sur cette scène, c’ est bien son talent qui a failli se faire croquer par cette nouvelle muse si pathétique dans son tulle envahissant.

Lorca, qui prétendait dans sa conférence, « donner une leçon simple sur l’ esprit secret de l’ Espagne meurtrie », aura été fort bien mal servi. « L’ intelligence est souvent l’ ennemie de la poésie, parce qu’ elle imite trop ». C’ est effectivement ce qui s’ est passé : l’ intelligence n’ a fait que recenser les différents exemples utilisés par Lorca, depuis un « fragment d’une suite de Bach » écouté un soir par hasard par la « vieille danseuse gitane La Malena », jusqu’ à Manuel Torres dont on retrouve le nom sur une des vidéos du spectacle. Ce soir-là, rien ne nous aura été épargné, jusqu’ à cette citation, qui hors contexte devient plus qu’ ambiguë : « Un muerto en España está más vivo como muerto que en ningún sitio del mundo » (Un mort en Espagne est plus vivant en tant que mort qu’ en aucun autre endroit du monde).

Peut-être Monsieur Amargo devrait-il danser un peu plus, afin de ne pas compter sur des vidéos à visée didactique pour pallier les déficiences artistiques de son spectacle. Car malheureusement l’ elenco musical, dans son ensemble, n’ a pas su non plus évoquer ce concept du « duende ». Mis à part Juan Parrilla à la flûte, qui renforça la tentation de se souvenir avec nostalgie d’ un Joaquín Cortés, le reste des musiciens ne s’ est pas montré à la hauteur de la direction musicale pourtant assumée par le même Parrilla et José Luis Montón.

Le meilleur moment d’ Amargo a sans doute été la fin de l’ Alegría, lorsque, manifestement énervé par les défaillances de ses musiciens et chanteurs, et se retrouvant face à l’ une de ses danseuses quelque peu momifiée par l’ incident, Rafael Amargo s’ est avancé sur le devant de la scène et a exécuté la meilleure escobilla de tout le spectacle. La rage aurait donc pu amorcer « le véritable combat avec le duende », mais celui-ci n’ a pas voulu se montrer. Trop court, effectivement, pour que ce dernier pointe le bout de son nez... Nous sommes retombés très vite dans une lourdeur face à laquelle nous n’ avons pu que nous résigner. Dommage, car le premier tableau du spectacle était pourtant extrêmement prometteur, mêlant une nudité décente et une composition picturale puissante et évocatrice.

Photo : Jérôme Combe

La présence de Manuel Molina –maestro qui démontra une fois de plus ce qu’ est le génie, ne plissant pas même le front lorsque le son défaillant l’ abandonna définitivement et que l ’artiste dans toute son assurance continua, seul au monde, de sa voix inimitable et s’ accompagnant lui-même à la guitare, son solo rédempteur - n’ aura pas suffi à nous faire oublier que nous venions pour comprendre ce fameux « duende » ; ni l’intervention, pourtant délicieuse de Mariana la Coneja aux castagnettes, qui proposa également un des moments les plus authentiques et réussis de cette longue soirée. Ces deux « génies », dont le danseur aime s’ entourer « comme un caprice » avoue t-il, étaient décidément bien mal accompagnés.

La double mort de Rafael Amargo ? Lorca avait pourtant prévenu : « el duende es un poder no un obrar, un luchar, no un pensar”. (Le duende est un pouvoir, pas un « faire » ; c’ est une lutte, pas une pensée). Et bien l’ élève doit encore “se tromper”, comme il dit, “et apprendre de cette extrême sensibilité qui appartient à ces génies fous, en une seule et unique minute". Pourtant, Pilar Távora déclarait que le duende c’ était l’ âme. Il semblait donc qu’ elle en possédait la parfaite définition.

Photos : S. Zambon

Pourquoi s’ être condamné une première fois en représentant San Juan de la Cruz sur l’ immense croix dressée en avant scène, imitant stérilement, à l’ inverse et en contre-plongée, le tableau de Salvador Dali ? Amargo, en Christ-Dieu, provoque l’ impression contraire à celle du tableau : orgueil et démesure… encore aurait-il fallu que le danseur danse pour pouvoir s’ en sortir, ne serait-ce qu’ un peu… Ou bien, comme San Juan de la Cruz, préfère-t’ il « le religieux à l’artistique »… ?

Non content d’ avoir joué les « Jésus-Christ super-star », Amargo provoque une nouvelle fois la mort à bon marché, la chemise tachée de sang, fusillé par son corps de ballet. Et nous voilà chez Goya, avec “El 3 de Mayo”, évoquant certainement la mort de Lorca par la même occasion, et rendant donc cette véritable « amertume » plus confuse que jamais : Jesús Amargo… Lorca et Jesús… Jesús Rafael… Rafael Goya Lorca… Jesús García Lorca…. Peut-être Federico se retourne-t’ il dans sa tombe, en une résurrection muée en confusion choquante... Quant à nous, nous avons définitivement renoncé au Duende annoncé…. Amargo n’ a pas non plus réussi à transmettre la force de la mort ; peut-être n’ aurait-il pas dû disséquer autant le texte. « Dans tout pays, la mort est une fin. Elle arrive et on ferme les rideaux. En Espagne, non. En Espagne, on les ouvre. Beaucoup vivent là-bas entre quatre murs jusqu’ au jour de leur mort, où on les sort au soleil. En Espagne, un mort est plus vivant comme mort qu’ en nul autre point du globe ; son profil blesse comme le fil d ’un rasoir. Les railleries sur la mort et sa contemplation silencieuse sont familières aux Espagnols »…

Soulignons cependant l’ un des grands talents grand talent de Rafael Amargo : car, finalement, nous venons encore de parler de lui. Peut-être fait-il parti des Cristina Hoyos & Cie, qui préfèrent qu’ on évoque un scandale, plutôt que de passer inaperçus...

Laissons le dernier mot à Lorca : « Les grands artistes du sud de l’ Espagne, gitans ou flamencos, quand ils chantent, quand ils dansent, quand ils jouent, savent qu’ aucune émotion n’ est possible avant l’arrivée du duende. Ils peuvent donner l’ impression du duende alors qu’ il n’est pas là, et abuser les gens, comme vous abusent, tous les jours, des auteurs, des peintres et des faiseurs de modes littéraires dépourvus de duende ; mais il suffit de prêter un peu d’ attention et de ne pas se laisser porter par l’ indifférence, pour découvrir la tricherie et dissiper l’ artifice grossier »…


En el bar Iberia

Elenco :

Guitare : Paco Jarana

Chant : Segundo Falcón

Percussions : Raúl Domínguez

Pour la deuxième fois, reprenant le spectacle proposé à la Biennale de Séville de 2008, avec un elenco très restreint cette fois-ci, Paco Jarana et Segundo Falcón nous offraient un grand moment d’intimité. Le guitariste sortait donc une seconde fois de l’ ombre de son épouse, devenait soliste pour notre plus grand bonheur, et interprétait ses propres compositions, initiant le concert par la Soleá dédiée à sa femme et à sa fille : « A mis dos mujeres ».

Bouleversant l’ ordre annoncé par le programme, Segundo Falcón apparut après les deux premiers solos de guitare, commençant por Malagueña. Suivit une Siguiriya dans laquelle, malgré une voix souffrant de la chaleur intense, le chanteur eut l’ occasion de démontrer toute sa technicité, alors que la guitare, disciplinée dans l’ accompagnement, s’ engouffrait dans une ornementation musicale qui brilla par son esthétisme et sa virtuosité dans les falsetas. Puis, le chant juste de Segundo entama les Alegrías d’une voix poudrée et suave, en un parcours de subtilités et de susurrements qui s’ affirmèrent avec force sur la fin. Vint ensuite une Policaña, « Arco de la rosa », on ne peut plus fidèlement exécutée dans toute sa majesté traditionnelle, et dont l’ harmonie fut remarquablement rehaussée par l’ accompagnement de Paco Jarana, jusqu’ à la faire mourir tout en finesse, magnifiquement. Dans les Soleares de Triana, la voix de Segundo donna quelques signes de faiblesses, et les deux compères mirent fin, à temps, au récital avec des Bulerías.

Cet hommage au Bar Iberia provoqua un bis du public qui reçut un dernier Fandango en cadeau, que Segundo acheva noblement a capella en avant-scène. Pulpón, le manager de l’ époque, auquel le spectacle est également dédié, fut une fois de plus remarquablement honoré par ces deux artistes.


Juana Amaya présente sa fille Nazareth

Elenco :

Danse : Juana Amaya et Nazareth Reyes

Chant : Guadiana, Juanares et Maldonado

Guitare : Maldonado et Tati Amaya

Ouvrant son spectacle en duo, par une Siguiriya mère-fille, Juana Amaya choisissait donc de nous présenter officiellement sa petite « fée gitane » Nazareth. Un spectacle très attendu notamment par toutes les stagiaires qui suivent Juana fidèlement, mais aussi par tous les passionnés de flamenco qui connaissent la force et la sincérité de sa danse. De Morón de la Frontera, de la famille de los Negros de Ronda, elle fut également première danseuse de Mario Maya, ne l’oublions pas.

Photo : Jérôme Combe

La petite gitane, qui semble directement sortie des films des années 60, comme Los Tarantos de Rovira Beleta, est la digne héritière de sa mère. Avec un marquage quasi inexistant et cependant une présence qui révèle déjà une très forte personnalité, et surtout, à l’image de Juana, des remates extrêmement puissants, Nazareth, qui n’a encore que 17 ans, dansa seule por Taranto. Comme le disait Juana dans une interview de Tatiana Guedes pour El lunar del Olivar en 2006 : « Elle a deux façons de danser, parce que de par son père Cristobal (Reyes) et son cousin Joaquín (Cortés), elle danse comme à Madrid, mais elle peut aussi prendre la mienne. Nous sommes deux chemins opposés dans notre façon de danser, son père et moi. Nous voyons la danse de façon opposée. »

Photo : S. Zambon

La jeune fille ne put cependant voler la vedette à sa mère, qui, débutant ses Alegrías par des palmas, nous donna une leçon d’ « escuela sevillana » dans son marquage. Fidèle à son style, elle n’ y fit plus aucune référence pas par la suite. Le plus impressionnant, ce soir-là, ne fut pas la rapidité des escobillas prises au vol avec force, qui vous donne l’impression que tout est exécuté sans effort, mais bien l’ émotion, qui l’ emporta lorsque la letra fit allusion à « mi padre flamenco ». Manifestement, ce texte éveilla tout un éventail de souvenirs chez la danseuse qui, ayant perdu son père il y a peu de temps, n’avait pas encore pu remonter sur scène. L’intensité ne se relâcha pas par la suite, et dans les Bulerías, Juana jeta son châle au public, avant d’ enlever sa veste selon la coutume, un grand sourire aux lèvres. Elle finit heureuse de sa prestation, et le public, lui, la salua debout. C’est avec Nazareth que Juana dansa la dernière pata, avant de lui donner un « abrazo » et de la faire saluer, seule, en avant-scène. Les artistes eurent droit à un nouveau bis, sans surprise, une fin de fiesta.


Arcángel vainqueur du football

Elenco :

Chant:Arcángel

Guitare : Miguel Ángel Cortés

Palmas et choeur : Los Mellis

Percussions : Agustín Diassera

C’était la première fois que le chanteur venait à Mont-de-Marsan en soliste, et le public n’ est pas prêt de l’ oublier. Il déclare sans hésitation lors de la conférence de presse, que la France est le pays, hormis l’ Espagne, qui a le plus d’ importance en ce qui concerne le flamenco. Son spectacle reflète bien le style qui, désormais, lui colle à la peau : flamenco jondo et avant-garde mêlés, bref, une liberté qu’ il utilise on ne peut mieux. Comme il le dit lui-même, son style comporte toutes les facettes des nouveautés qu’ il recherche, non pas dans la création, mais bien dans la « re-création, car rien ne se crée à partir de rien », avoue t-il.

Rien n’ était gagné a priori pour Arcángel, puisque ce soir-là, l’ Espagne jouait contre l’ Allemagne. Les passionnés de flamenco avaient donc le cœur partagé entre le chant et le ballon rond, et certaines personnalités sévillanes n’ ont pu s’empêcher de faire des va-et-vient… Lorsque la voix délicate et fine s’ éleva dans une Soleá por Bulería, on comprit que cette fois, le duende pourrait bien être au rendez-vous. Le programme intelligemment composé ne connut aucune faiblesse. Que ce soit dans la Malagueña, dans les Tangos, le Taranto, les Bulerías ou les Alegrías, Árcangel, qui pourtant victime d’ un sérieux problème de voix au cours de son récital, sut parfaitement démontrer son grand professionnalisme et ravir le public, particulièrement bien accompagné, de plus, par Miguel Ángel Cortés et ses autres musiciens. C’ est cependant lorsqu’ il enregistra en direct sur scène ses différentes voix et mélismes sur un compás de Bulería, pour finir sur un Pregón polyphonique, que le public pencha définitivement pour le chant, juste avant que l’ Espagne ne marque son but. Le flamenco était sauvé, il était en train de triompher. Terminant comme de coutume par ses Fandangos - qu’il dit « ne jamais oublier, puisque ce sont des chants primitifs importants », ceux de sa terre de Huelva, et qui « se défendent seuls », Arcángel reçu l’ovation du public qui l’ acclama, debout, sans aucune hésitation.

Photo : Jérôme Combe

Questionné sur la candidature du flamenco à l’ UNESCO, Arcángel déclarait qu’ il avait été l’ un des premiers à l’ avoir signé, afin d’ étendre sa diffusion dans le monde entier, mais qu’ il lui restait un doute puisque que l’ UNESCO se soucie des patrimoines en voie de disparition, ce qui n’ est évidemment pas le cas du flamenco. Voilà un artiste qui n’ a pas besoin de discours pour convaincre. Arcángel a même démenti la fameuse croyance selon laquelle le chant flamenco ne passait pas la frontière : à Mont-de-Marsan, il était facile d’ entendre partout que ce concert fut le meilleur de tout le festival. Quand l’ art est au rendez-vous, on ne se soucie plus de comprendre ou non les paroles : on écoute religieusement la voix de l’artiste.


¡El salero jerezano !

Elenco :

Chant : Juana la del Pipa, Jesús Mendez

Guitare : Moraíto

Violon : Bernardo Parrilla

Percussions : Diego Carrasco, Paquito

On attendait Moraíto avec la Macanita, il arriva avec Juana la del Pipa.

Dessin : Benjamin Flao

Si l’ on peut imaginer le répertoire et le style habituel de « ceux de Jerez », il faut cependant reconnaître que la soirée fut particulièrement agréable, avec des artistes détendus et manifestement contents d’ être là. Moraíto débuta par une Siguiriya en solo, et poursuivit par des Tangos dont le swing fut bien accompagné par le violon, la basse et le cajón. Juana débuta par les Tientos dont elle a le secret. Avec sa voix rauque, elle le ponctua par des pitos et des mouvements de bras, qui firent même penser à certains, qui la voyaient pour la première fois, qu’ elle était plutôt danseuse… Et certes, à Jerez, on a le sens de la fête : Juana finit por Tangos en dansant en avant-scène, faisant preuve d’ une allégresse peu habituelle. C’ est donc sourire aux lèvres qu’ elle chanta avec beaucoup de générosité une Soleá puis des Bulerías, jaleando « ahora toca lo bueno ». Le jeu de Moraíto, qui semble parfois se moquer de lui-même, sut naviguer entre solos et accompagnements sans aucune difficulté, que ce soit avec Jesús Mendez dans une Bulería por Soleá dédiée à la Paquera, ou pour une Alboreá swinguante et mélodieuse, qu’ il dédia à José Valencia, présent dans la salle.

Illustrations : Benjamin Flao

Ils finirent, devinez… por fiesta ! Et Juana, danseuse d’ un soir, lança « le voy a contar algo a mi jefe » regardant Moraíto avec complicité, tout débutant sa petite pata. Motivé par l’ ardeur de Juana et ne voulant pas être en reste, Moraíto se leva et dansa la sienne avant de donner un « abrazo » à Juana, et de sortir en esquissant quelques pas selon la coutume, devant un public debout et charmé.


L’ « au revoir » de 2010

Elenco :

Danse : Belén López

Chant : Mari Peña, Gabriel de la Tomasa, Antonio Moreno Maya

Guitare : Antonio Moya, Eugenio Iglesias

Palmas : Javier Heredia, Luis Peña

Percussions : El Chispa

Le dernier soir nous réservait encore une dernière bonne surprise : la présence de la danseuse Belén López. Rien que par sa beauté, Belén López avait déjà conquis toute l’ assemblée. Mais ce serait s’ attarder sur un détail que d’ en rester là. A cinq ans, elle dansait déjà aux côtés d’ Antonio el Bailarín pour un hommage à Carmen Amaya. Visionnaire celui qui la remarqua ! Aujourd’ hui, cette magnifique danseuse est plus flamenca que jamais, et nous fait penser, par ses accents nerveux et ce physique qui se tord sous la vitesse de ses pieds, à la reine de la danse flamenca : la Carmen Amaya. Il n’ y a peut-être pas de meilleur compliment, et nous espèrons la revoir très rapidement à l’ affiche.

Photo : Jérôme Combe

Belén López propose réellement un style singulier, tout en évoquant une époque révolue : tout simplement captivant.

Manuela Papino





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