Cascabel de Jerez

mercredi 18 décembre 2013 par Claude Worms

Lorenzo Montes Ortega "Cascabel de Jerez" est né en 1928 à Jerez, dans le quartier San Miguel. Comme la plupart des guitaristes jérézans de sa génération, il fut d’ abord l’ élève de Javier Molina...

Il avait cinq ans quand il commença à prendre des cours avec lui. Deux ans plus tard, il jouait déjà en public... Pourtant, son jeu ne ressemble en rien à celui des ses condisciples, tels Rafael "El Lápiz" ou les frères "Morao", qu’ il citait pourtant parmi ses artistes de référence. Sans doute parce qu’ il quitta Jerez très jeune : à neuf ans, il part vivre chez une de ses tantes à Triana, et poursuit sa formation sur le tas, au gré des "juergas", puis des engagements dans les "colmaos" de l’ Alameda. C’ est alors le style de Niño Ricardo qui l’ influence définitivement.

Cascabel de Jerez quitte définitivement l’ Espagne en 1947, et s’ installe d’ abord à Paris, où il est engagé comme second guitariste dans la troupe de Carmen Amaya, aux côtés d’ "El Chino" (le père de la bailaora, premier guitariste) et du cantaor Chiquito de Triana. Mais la vie parisienne s’ avère trop trépidante pour lui, et il opte définitivement pour la Belgique en 1955. Il y restera jusqu’ à son décès prématuré, à Bruxelles, le 23 janvier 1965.

Pendant ces dix années, il se consacre essentiellement à l’ enseignement, et répugne à se séparer trop longtemps de son épouse et de ses enfants. S’ il refuse donc la plupart des offres de tournée trop contraignantes (quelques concerts cependant au Canada et dans les proches pays européens - Allemagne, Grande-Bretagne, France...), il devient par contre une référence de la scène musicale en Belgique, avec de nombreux concerts, des engagements dans divers tablaos, et des enregistrements pour la radio et la télévision.

La discographie de Cascabel de Jerez est relativement réduite, et n’ a pas été rééditée en CD. Nous avons cependant pu retrouver la trace des albums suivants :

_ "Viva Flamenco" : LP Mode Disques CMDINT 9510. Compilation avec Angelillo de Valladolid, Angelita Artero, Juan Villanueva, Enrique Vargas et José Motos. Cascabel de Jerez y interprète deux solos : "Aires de Jerez", crédité à "Serrapi" (Niño Ricardo) et "Malagueña y Verdiales", crédité à "Serrapi" et "Savica" (?! - lire Sabicas).

_ "Cascabel de Jerez. Spielt Spanische Volkwweisen" : EP Opera 4422

_ "Cascabel de Jerez. Guitare flamenco" : EP Pacific 91404

_ Avec Angelillo de Valladolid : EP Pacific 90171 B

_ "Ta guitare, mon Espagne" : un improbable duo avec la chanteuse de variétés Georgette Noguet, dans la collection "Le petit laboratoire des variétés" - EP Olympia L.P.Q. 455

_ "Guitarra flamenca. Recital por Cascabel de Jerez" : LP Pacific 6 361 D-Std

C’ est de ce dernier disque que nous avons extrait les sept titres que nous vous proposons. Les douze compositions du programme sont créditées à Manuel Serrapi "Niño Ricardo", Juan Valderrama apparaissant comme auteur pour "Tango flamenco" et, logiquement, "El Emigrante" (respectivement, plages 1 et 2 de la face A). Ces crédits sont un beau témoignage de l’ humilité de Cascabel de Jerez, mais ne lui rendent pas tout à fait justice. On trouvera aussi dans l’ enregistrement quelques références à Ramón Montoya (dans les Soleares notamment) et à Sabicas (le picado des Fandangos par exemple). Surtout, si le matériel musical de base du guitariste est bien attribuable à Niño Ricardo (parfois explicitement : le titre "Espeleta" donné aux Alegrías de la plage 5, face A - à tort : cf, ci dessous, "Programme"), Cascabel de Jerez lui imprime sa propre signature, par le développement original de certaines falsetas (les trémolos des Alegrías n°2 - cette fois issus effectivement d’ "Espeleta"...), les nombreuses références à l’ accompagnement de la danse (les Alegrías n° 1, avec "silencio", "castellana", "escobilla" et même "ida" à l’ ancienne. Ou encore la deuxième partie de la Caña, basée sur l’ accompagnement traditionnel du taconeo), et plus encore par le soin apporté à la dynamique des interprétations (crescendos et diminuendos dans les passages en rasgueados, usage original et très maîtrisé du staccato, par exemple).

Claude Worms

Programme

NB : nous reproduisons entre guillemets les titres tels qu’ ils sont libellés, non sans quelques facéties, sur la jaquette de l’ album original. Les Alegrías de la plage 6, face B, sont ainsi devenues une Taranta. Ce sont ces Alegrías qui sont inspirées de la composition de Niño Ricardo, "Espeleta", et non celles de la plage 5, face A...

"El Emigrante" - plage 2, face A

Fandangos - plage 4, face A ("Noche en Triana")

Alegrías n° 1 - plage 5, face A ("Espeleta")

"Caña" - plage 6, face A

"Soleares" - plage 1, face B

"Milonga" - plage 3, face B

"Tanguillos populares" - plage 5, face B

Alegrías n° 2 - plage 6, face B ("Taranta")


El Emigrante
Fandangos
Alegrías n°1
Caña
Soleares
Tanguillos populares
Alegrías n° 2

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