Paroles et musique : hommage à Enrique Morente

25 décembre 1942, Grenade - 13 décembre 2010, Madrid

mardi 1er février 2011 par Claude Worms

Les mots nous manquent... Ecoutons donc Enrique Morente : extraits d’ un entretien qu’ il nous avait accordé à Madrid en 1974, quelques mois avant la parution de son quatrième opus ("Se hace camino al andar"), et d’ un concert parisien de 1999.

La Unión, 1971 - photo : René Robert... Merci !

CANTES

Alegrías / Soleares / Siguiriyas / Tientos / Caña - guitare : Pepe Habichuela (Paris, 1999)

Alegrías
Soleares
Siguiriyas
Tientos
Caña

PROPOS

Interview réalisée par Maguy Naïmi et Claude Worms - 1974, Madrid (extraits)

1) La voix et l’ apprentissage

1

2) A ma manière / évolution du flamenco

2

3) Critiques et puristes

3

4) Letras : poésie / politique

4

5) Le public / les festivals

5

6) Les festivals, Manuel Torres et le duende

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7 & 8) La guitare

7
8

9 & 10) Epilogues

9
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Paris, 1995 - photo : René Robert

DOCE DE ENRIQUE

Parcours discographique en douze étapes, ce qui peut sembler beaucoup, mais reste singulièrement réducteur pour aborder l’ oeuvre de l’ un des grands compositeurs du vingtième siècle, tous genres musicaux confondus. Choix subjectif, naturellement : rappelons que la discographie d’ Enrique Morente compte vingt quatre albums officiels (on y ajoutera une multitude de collaborations), dont aucun n’ est indifférent ou routinier.

Les requins ne vont pas tarder à s’ affairer, et l’ on peut s’ attendre à un tir nourri de compilations, "best of" (en espagnol : "Lo mejor de...") et "inédits" en tout genre (fonds de tiroirs récusés par l’ auteur, "lives" enregistrés dans des conditions improbables...). Mieux vaut écouter les disques officiels dans leur intégralité, tant leur auteur a toujours soigneusement veillé à la cohérence de ses projets. On ne saurait retrancher aucune plage de ses albums, même celles qui peuvent à première audition sembler moins abouties.

Pour qui voudrait se procurer des enregistrements publics, nous ne saurions trop conseiller le récent diptyque "Morente. Flamenco en directo" / "Morente + Flamenco" (Universal - 2009 et 2010), amoureusement compilé par José Manuel Gamboa, qui, lui, sait de quoi il parle quand il s’ agit de flamenco en général, et d’ Enrique Morente en particulier.

Cante flamenco. Enrique Morente - guitare : Felix de Utrera (1967)

Cantes antiguos del flamenco - guitare : Niño Ricardo (1968)

Un état des lieux en deux volets indissociables. Enrique Morente se livre à un bilan de ses "années d’ étude", auprès des maîtres du cuadro de La Zambra de Madrid (Pepe el de la Matrona, Rafael Romero, Juan Varea, Pericón de Cádiz...). Réalisés selon les critères de l’ époque (pas de répétitions, quelques heures de studio, pas de montage, quelques prises - parfois une seule...), ces enregistrements donnent une idée exacte, et impressionnante, du niveau artistique atteint par le jeune cantaor de vingt cinq ans. Une anthologie idéale d’ une partie des cantes majeurs du répertoire traditionnel, sur lesquels il reviendra inlassablement, même dans ses albums les plus révolutionnaires. Et déjà, un placement vocal et un phrasé qui n’ appartiennent qu’ à lui.

Homenaje flamenco a Miguel Hernández - guitare : Perico el del Lunar Hijo et Parrilla de Jerez (1971)

Se hace camino al andar - guitare : Manzanita, Luis Habichuela et Amador (1975)

Homenaje a don Antonio Chacón - guitare : Pepe Habichuela ((1977)

Despegando - guitare : Pepe Habichuela (1977)

Premières ruptures décisives, qu’ Enrique Morente a pris le temps de méditer longuement, comme en témoignent, par exemple, les quatre années qui séparent les parutions de ses deuxième, troisième et quatrième albums.

Et prises de risque téméraires, à la fois politiques et artistiques, en ces années de franquisme déclinant, et d’ autant plus féroce.

Miguel Hernández est mort de tuberculose pulmonaire dans les geôles du dictateur : le poète avait décliné l’ offre de libération, sous condition de collaboration avec le régime. Plutôt que d’ utiliser les textes "engagés" qui fleurissaient à l’ époque, Enrique Morente choisit de rendre hommage aux premiers opposants, et met en musique trois poèmes de Miguel Hernández, pour lesquels il compose trois cantes originaux, même s’ il ne va pas encore jusqu’ à en revendiquer la paternité : "Sentado sobre los muertos" (Romance), "El Niño yuntero" (Malagueñas) et "Nanas de la cebolla" (Nanas). Il reprendra la "Nana de la cebolla", plusieurs décennies plus tard, avec Rafael Riqueni, dans un arrangement musicalement plus sophistiqué, mais sans égaler l’ engagement émotionnel de cette première version. A partir de l’ hommage à Miguel Hernández, le compositeur ne cessera plus de mettre en musique des poètes majeurs de la littérature hispanique : Rafael Alberti, Gustavo Adolfo Bécquer, José Bergamín, Luis Cernuda, Miguel de Cervantes, San Juan de la Cruz, Juan del Encina, León Felipe, Federico García Lorca, Nicolás Guillén, Santa Teresa de Jesús, Fray Luis de León, Antonio Machado, Manuel Machado, Francisco de Quevedo, Lope de Vega... et Pablo Picasso...

L’ album est complété par quatre cantes traditionnels : Tientos, Soleá, Soleá por Bulería (une forme rare dans sa discographie) et Granaína. Cette dernière, nettement moins "traditionnelle", prélude à ce qui va suivre.

"Se hace camino al andar" ("On fait son chemin en marchant") : titre programmatique extrait d’ un poème de Manuel Machado ("... Caminante, no hay camino / Se hace camino al andar..."). Le chemin d’ Enrique Morente passera désormais par des cantes personnels. Le programme annonce la couleur : Tangos de Morente, Siguiriyas de Morente, Tientos de Morente, Fandangos de Morente... L’ époque était au purisme conservateur (qui avait plus ou moins partie liée avec le conservatisme politique et social), voire momificateur, et il fallait une bonne dose d’ audace pour défier ainsi la flamencologie officielle.

Composer des cantes ne signifie pas composer des "chansons por..." (por Bulerías, Alegrías, Tangos...). L’ exercice relève d’ une délicate alchimie : dessiner un profil mélodique suffisamment précis et original pour être immédiatement identifiable, mais suffisamment plastique pour être le support d’ une multitude de réalisations vocales distinctes. Rares sont donc les cantaores qui nous ont légué des compositions personnelles. Enrique Morente, en quatre décennies, l’ aura accompli pour la plupart des formes du répertoire flamenco. Il faut remonter un siècle en arrière pour trouver dans l’ histoire du flamenco un créateur aussi décisif : Antonio Chacón. Ce qui rend parfaitement logique l’ hommage du disque suivant, d’ égal à égal.

Ce sera un véritable hommage : pas de mimétisme, mais une plongée en profondeur dans l’ oeuvre de son illustre prédécesseur - ses compositions, mais surtout sa démarche esthétique. Enrique Morente applique aux cantes d’ Antonio Chacón le traitement que celui-ci avait en son temps appliqué aux cantes de Silverio Franconnetti, Enrique El Mellizo... : variation ornementale et paraphrase mélodique, un peu comme le faisait Billie Holiday sur les standards de jazz, et avec la même infaillible intuition musicale. Dans le même esprit, il retravaillera sans cesse par la suite ses propres cantes comme ceux du répertoire traditionnel, au grand dam, une fois de plus, d’ une partie de la critique.

L’ enregistrement marque aussi les débuts discographiques du duo idéal du cantaor avec Pepe Habichuela. Ce dernier restitue d’ ailleurs, dans une démarche identique, l’ accompagnement de Ramón Montoya (pour Antonio Chacón) : on écoutera particulièrement son travail sur les cantes "libres", pour lesquels il renoue avec la suggestion du rythme "abandolao" - harmoniquement réactualisée.

Photo de couverture très rock (façon "December’s children" des Rolling Stones ou "Down by the Jetty" de Doctor Feelgood...) : "Despegando" ("Prendre son envol"), paru la même année que l’ hommage à Antonio Chacón, est une toute autre histoire. Tous les titres sont composés par Enrique Morente (comme d’ ailleurs une bonne partie des textes, à l’ exception de quelques letras traditionnelles et d’ un extrait de "Elegía a Ramón Sijé", de Miguel Hernández - qui inspirera d’ ailleurs au même moment une composition à Manolo Sanlúcar). Le compositeur y élargit notamment son répertoire de Tangos ("Estrella", "Que me van aniquilando") et de Bulerías ("Yo escucho los cantos", "Defender Andalucía" - ce dernier titre "por Jaleo") personnels.

Surtout, pour la première fois, Enrique Morente pense l’ objet disque comme une oeuvre à part entière, qui n’ a plus rien à voir avec le simple enregistrement de cantes tels qu’ ils pourraient être interprétés en concert (Paco de Lucía, et Camarón, travaillent à l’ époque dans la même optique). Le traitement de la voix, et surtout les arrangements instrumentaux, rompent radicalement avec les normes établies : une extraordinaire Siguiriya ("Miramé a los ojos") sur ostinato de cordes (pas de guitare) ; des Soleares avec percussions mixées très en avant ("Tu vienes vendiendo flores" - texte et musique qu’ Enrique affectionne particulièrement : il les adaptera ensuite "por Tango", "por Bulería", "por Alegría"...) ; arrangements pour cordes pincées, qui évoquent le son des ensembles populaires de bandurrias, une spécialité de Grenade, pour "Estrella"... Les crédits revendiquent fermement la "provocation" : "Arreglos colectivos sobre ideas de E. Morente" - l’ élaboration musicale collective deviendra d’ ailleurs la méthode de travail privilégiée du compositeur. "Je persiste et je signe", semble dire Enrique : "Sacromonte" (guitare : Tomatito et Isidro Muñoz - 1982), puis "Cruz y luna" (guitare : Enrique de Melchor et Paco Cortés - 1983) allaient rapidement enfoncer le clou.

Le disque, et surtout les concerts qui l’ accompagnèrent, firent scandale : "A mí me pitan, pero por lo menos hay ambiente", disait Enrique à l’ époque, à propos de l’ accueil que lui réservait régulièrement sa ville natale. Avant qu "Estrella" et "Defender Andalucía" ne se transforment en hits, et qu’ Enrique Morente ne réagisse à la menace qui pesait sur lui : devenir un artiste "officiel".

Morente - Sabicas - guitare : Sabicas (1990)

Une pause dans l’ oeuvre créatrice du musicien, et l’ un de ses albums les plus émouvants : guitare et voix, pour une superbe anthologie de cantes traditionnels (dont la résurrection de la Vidalita de Pepe Marchena, qu’ il remit à la mode, pour le meilleur - Mayte Martín, et pour le pire...). Sabicas gravait en studio pour la dernière fois, quelques semaines avant son décès, grâce à l’ initiative d’ Enrique Morente : son respect pour son aîné est palpable jusque dans ses silences.

Le cantaor fut un grand aficionado, non seulement du cante, mais aussi de la guitare flamenca : en témoigne la longue liste des guitaristes qui ont collaboré à ses projets discographiques et scéniques, des plus traditionnels aux plus avant-gardistes.

Misa flamenca - guitare : Montoyita, El Bola, El Paquete, Juan Diego et Pepe Habichuela (1991)

Naissance de la polyphonie vocale flamenca, et, parfois de la polymodalité flamenca (avec le choeur grégorien Caracuel, et les voix d’ Estrella et Soleá Morente), par la grâce d’ Enrique Morente, et démonstration immédiate de sa viabilité (contre l’ avis de la plupart des musicologues, l’ auteur de ces notes y compris), par un premier chef d’ oeuvre.

Inexplicablement, cette voie, porteuse de potentialités inépuisables, restera à peu près inexplorée par les artistes de la génération postérieure, mais son inventeur y reviendra fréquemment dans des oeuvres ambitieuses ("Campanas por el poeta - Kyrie", avec le choeur des Voix Bulgares - album "Morente - Lorca" ; "Omega"et "Ciudad sin sueño" - album "Omega" ; "Reloj molesto" - album "El pequeño reloj" ; "La última carta" - album "Morente sueña la Alhambra ; "Guer-Irak" - album "Pablo de Málaga"...), comme, plus modestement, pour enrichir les "estribillos" des ses Alegrías, Fandangos, Tangos... Enrique y assume, en re-recording, les passages les plus complexes, et Estrella Morente y apparaît de plus en plus fréquemment.

Negra, si tú supieras - guitare : Pepe Habichuela et Juan Habichuela, El Paquete, El Bola, Montoyita et Juan Carmona Amaya ((1992)

Omega - guitare : Tomatito, Juan Manuel Cañizares, Vicente Amigo, Montoyita, El Paquete, Juan Antonio Salazar, Isidro Muñoz et Miguel Ángel Cortés (1996)

Morente - Lorca - guitare : Pepe Habichuela, Juan Manuel Cañizares, Juan Carlos Romero et Montoyita (1998)

Nouvelle trilogie iconoclaste, Enrique Morente s’ avérant décidément peu enclin à endosser l’ uniforme de l’ artiste reconnu et installé.

C’ est surtout la période de l’ expérimentation vocale : la voix, dans tous ses états, est le principal moteur de la création musicale, et innerve la structure des oeuvres, comme leur orchestration et leur mise en scène sonore. D’ abord par un élargissement sans précédent de l’ ambitus vocal, dès "Negra, si tú supieras" (changements de registre pour chaque cante, et, pour les lignes mélodiques, plongées vertigineuses dans les graves qui rompent radicalement avec les mouvements par degrés conjoints du cante traditionnel - écouter, entre autres, les Alegrías "Si mi voz muriera en tierra"). Ensuite, par un phrasé de plus en plus diversifié, du spechgesang à un chant quasi lyrique, en passant par la psalmodie et tous les types de vocalité flamenca. Surtout, par la sollicitation de toutes les potentialités du corps sonore, dans toute son étendue dynamique (du chuchotement au cri), comme dans l’ utilisation musicale des "bruits vocaux" (raclements, grognements, halètements, souffle...), dans une démarche qui n’ est pas sans analogie avec le free jazz (le saxophone d’ Albert Ayler par exemple), et qui ne laissera pas indifférent Israel Galván, engagé dans une recherche équivalente sur le corps rythmique.

"Negra, si tú supieras" est l’ un des disques les plus sous - estimés d’ Enrique Morente. Vocalement somptueux de bout en bout, accompagné par un Pepe Habichuela en état de grâce, c’ est surtout un hymne au rythme (et non, seulement, au compás, qui serait ici un terme trop réducteur), et d’ abord au rythme du verbe poétique, dont la musique semble naître naturellement. Jamais encore le compositeur n’ avait atteint une telle connivence fluide entre textes et musiques : trois Rumbas sur des poèmes de Nicolás Guillén (remarquables démonstrations que le genre peut être débarrassé de sa trivialité coutumière) ; les Alegrías "Si mi voz muriera en tierra" (Rafael Alberti) ; les "Tangos de la plaza" - avec un balancement rythmique à l’ ancienne, proche des Tanguillos (José Bergamín) ; et les Bulerías "Crisol" (Federico García Lorca / San Juan de la Cruz / Miguel Hernández). Ajoutons trois cantes sur des letras traditionnelles : Soleares, Siguiriyas et Cabal (avec un accompagnement à tempo "redoblao" de Pepe Habichuela, appelé à devenir la norme des Siguiriyas contemporaines), et Fandangos de Huelva (création d’ Enrique : le programme de chaque nouvel album comportera désormais des Fandangos, prétextes à expérimentations de lignes mélodiques de plus en plus aériennes)... Un coup de maître.

"Omega" et "Morente - Lorca" sont les deux épilogues d’ une commande de 1990, du "Patronato Federico García Lorca de la Diputación de Granada". Le cantaor y trouva l’ occasion idéale de finaliser un projet initié dès 1972, par la création, à Paris, de "El lenguaje de las flores" (extraits de "Doña Rosita la soltera"). La première réalisation discographique comprenait cinq adaptations d’ oeuvres de Lorca : "El lenguaje de las flores" ; "Poema del tiempo" (extraits de "Así que pasen cinco años") ; "Poema de la Saeta" (extraits de "Poema del cante jondo") ; "Canciones de la Romería" (extraits de "Yerma") ; et "Poema del joven" (extraits de "Así que pasen cinco años"). La production (prise de son, mixage...) du disque "Enrique Morente en la Casa Museo Federico García Lorca de Fuente Vaqueros", avec notamment Juan Habichuela et Montoyita (guitare), et Rafael Andújar (bandurria), n’ était pas à la hauteur de la musique, ce qui conduisit sans doute Enrique Morente à revenir sur l’ ouvrage, et à en étendre le répertoire.

"Omega" est conçu comme "la vision d’ Enrique Morente de "Poeta en Nueva York", de Federico García Lorca". Le programme y adjoint trois adaptations de Leonard Cohen ("Manhattan", "Sacerdotes", "Aleluya") et une "coproduction" Federico García Lorca (texte) - Leonard Cohen (musique) ("Pequeño vals vienés", dont l’ arrangement pour accordéon, clavier et percussions, rappelle l’ atmosphère de certaines chansons de Nick Cave ou de Tom Waits).

Les titres proprement "flamencos" constituent un kaléidoscope d’ atmosphères sonores, qu’ on attribuera non seulement aux compositions et aux arrangements d’ Enrique, mais aussi à la diversité des styles des guitaristes qui ont collaboré au projet. On en retiendra en particulier deux oasis de sérénité, une merveilleuse Soleá originale ("Adán"), et les Fandangos "Norma y paraíso de los negros", sur de lumineuses parties de guitare d’ Isidro Muñoz. Mais ce sont évidemment les pièces écrites en collaboration avec le groupe de rock heavy metal "Lagartija Nick" qui créent l’ événement, et le scandale... : "Manhattan", un rock sans complexe et de belle facture (Enrique sait aussi chanter cela...) ; "Omega", une "Siguiriya destroy" d’ une puissance hallucinante, (qui préfigure le "Guern-Irak" de "Pablo de Málaga") ; "Niña ahogada en el pozo", sur un ostinato rythmique hypnotique ; et "Ciudad sin sueño", superbe détournement du thème de la Caña (le cantaor y reviendra, de façon plus classique, pour la Caña et la "Policaña" de "El pequeño reloj" ; et, dans une facture plus expérimentale, pour "La Alhambra lloraba", de "Morente sueña la Alhambra" - accompagnement d’ Alfredo Lagos).

Avec "Morente - Lorca", Enrique Morente revient directement sur le programme de "... en la Casa Museo...", sur des arrangements cette fois plutôt jazzy : chorus de Juan Manuel Cañizares (guitare), violon "manouche" de Bernardo Parrilla, lignes de basse de Carles Benavent, choeurs soul (bien avant Pitingo...). Une longue suite en cinq mouvements (Tangos / Fandangos / Bambera / Bulería / Rumba) pour les "Canciones de la Romería" ("Yerma"), précède "El lenguaje de las flores" et le "Poema de la Saeta" (trois mouvements : Martinete / Siguiriya / Tangos). Le compositeur y ajoute trois nouvelles adaptations de Lorca : "Gacela del amor imprevisto (y otros Fandangos)" ; "La leyenda del tiempo" (Tientos) ; et "Tierra y luna (1929 - 1930). Asesinato", un récitatif sur une musique de Juan Carlos Romero, dans l’ esprit de "Gacela del amor desesperado" de Manolo Sanlúcar (album "Locura de brisa y trino" - chant : Carmen Linares). Une belle reprise des Tangos "Aunque es de noche" avec le choeur des Voix Bulgares (texte de San Juan de la Cruz - album "Cruz y luna"), rebaptisés "Cantar del alma" ; Granaína et Taranto traditionnels (accompagnement "por Rondeña" de Miguel Ochando) ; et une épitaphe chorale ("Campanas por el poeta. Kyrie") : magistral.

Pablo de Málaga - guitare : Niño Josele, Pepe Habichuela, Rafael Riqueni, Miguel Ochando, El Paquete, Josemi Carmona, Juan Habichela "Nieto" et David Cerreduela (2008)

Ultime chef d’ oeuvre. Pour nous qui connaissons la fin tragique de l’ histoire, la tentation est grande de voir dans cet album une somme et un testament. Mais c’ était sans doute le début d’ une nouvelle quête, malheureusement prématurément interrompue (lire notre article - rubrique "Nouveautés CDs" ; et celui de Pierre Chaze - rubrique "La critique des musiciens").

Caminante, son tus huellas

el camino, y nada más ;

caminante, no hay camino,

se hace camino al andar.

Al andar se hace camino,

y al volver la vista atrás

se ve la senda que nunca

se ha de volver a pisar.

Caminante, no hay camino,

sino estelas en la mar.

Antonio Machado


Alegrías
Soleares
Siguiriyas
Tientos
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