"Una guitarra universal. Homenaje a Diego del Gastor"

samedi 31 octobre 2009 par Manuela Papino

Production : Pedro Sierra

Edition : Agencia Andaluza para el Desarrollo del Flamenco / Confederación de Peñas Flamencas de Andalucía / Junta de Andalucía

Le 9 octobre dernier, le disque «  Una guitarra unversal. Homenaje a Diego del Gastor » a été présenté à la presse. L’ enregistrement, produit par Pedro Sierra, et édité par l’ Agencia Andaluza para el Desarrollo del Flamenco et la Confederación de Peñas Flamencas de Andalucía, commémore le centenaire de la naissance du maître de Morón de la Frontera.

Le programme du disque présente huit jeunes guitaristes originaires de Séville, Almería, Jaén, Málaga, Cordoue, Grenade, Jerez et Huelva, « qui ont recueilli l’ héritage de Diego, et tenté de restituer son style original, basé essentiellement sur des falsetas en technique d’ attaque butée du pouce sur les cordes graves ». C’ est le second disque dont l’ objectif est de perpétuer la mémoire d’ un artiste de renommée internationale.

Le directeur de l’ Agencia Andaluza para el Desarollo del Flamenco, Paco Perujo, a rappelé « le travail des Peñas pour la diffusion et la conservation du flamenco », et l’ importance de cet enregistrement, « conjointement au projet de Rafael Infante pour honorer la mémoire de Diego del Gastor, et les fêtes privées auxquelles il aimait participer ». Pedro Sierra, guitariste et producteur, a ajouté que la participation de huit jeunes guitaristes « nous rappelle l’ excellente santé du flamenco ». « Chacun d’ entre eux possède son style personnel, mais a joué en se souvenant de Diego ». Jeromo Roldán, secrétaire de la Confederación Andaluza de Peñas Flamencas, a abondé en ce sens, et qualifié le disque d’ « hommage de la jeunesse au passé ; un exemple prouvant qu’ il y a un avenir pour le flamenco ».

Manuela Papino


Le contenu du disque, si l’ on s’ en tient aux objectifs avancés lors de la conférence de presse (cf : ci-dessus), laisse légèrement perplexe. On ne s’ attendait pas, naturellement, à une copie conforme des falsetas de Diego del Gastor : rien de plus étranger à l’ esprit du toque de Morón, et plus généralement à celui du flamenco. Par contre, la notion d’ « hommage » semblait impliquer une réappropriation personnelle du style du maître de Morón par chaque participant. Or, seul Juan Torres (Séville) s’ est réellement soumis à ce difficile exercice : sa Soleá, dans sa première partie, cite effectivement quelques falsetas emblématiques de Diego, et les développe de manière originale, avec dans l’ interprétation un usage du rubato qui évoque habilement le phrasé très personnel du modèle.

Tous les autres guitaristes se contentent de nous livrer l’ une de leurs propres compositions, et s’ ils se sont effectivement « souvenus de Diego en jouant », cela ne s’ entend guère. On atteint le comble du paradoxe dans trois cas :

_ La Bulería de Jesús Fernández (Almería) : s’ il est une forme que Diego del Gastor aura marqué durablement, c’ est bien la Bulería. Or, rien ici n’ évoque les Bulerías de Morón, et ce d’ autant moins que la plupart des falsetas sont basées sur des arpèges, ce qu’ on chercherait en vain dans les enregistrements de Diego del Gastor…

_ Le Zapateado de Javier Tomate (Cordoue) : il s’ agit bien d’ un hommage…, mais à Estebán de Sanlúcar ! Après un introduction ad lib. « por Granaína », le jeune guitariste reprend le Zapateado en Ré Majeur d’ Estebán (tonalité relative au mode flamenco "por Granaína"), et y inclut une partie centrale ad lib « por Granaína », inspirée de… Victor Monge « Serranito » ( ! ).

_ La Farruca de Niño Martín (Huelva) : même problème pour cette composition en Ré mineur, qui cite abondamment Sabicas, et subsidiairement Serranito, mais à aucun moment Diego del Gastor, qui n’ a d’ ailleurs jamais enregistré la Farruca.

Comme Diego n’ était pas non plus très inspiré par les formes libres, on ne s’ étonnera pas de ne trouver aucune réminiscence de son style dans la Minera de Miguel Ángel Moral (Jaén), la Malagueña d’ Andrés Cansino (Málaga), la Granaína de Rubén Campos (Granada), ou la Rondeña de Miguel Salado (Jerez).

Un autre titre nous aurait donc semblé plus pertinent pour cet enregistrement, par exemple « Ocho jóvenes guitarristas para las ocho provincias » (Cádiz étant représenté par Jerez). Si l’ on fait abstraction du prétexte que semble constituer l’ hommage à Diego del Gastor, le disque prouve incontestablement l’ « excellente santé », sinon du flamenco, au moins du toque : tous les guitaristes y font preuve d’ une technique sans faille, pour des compositions parfois inégales, mais toujours intéressantes.

Claude Worms

Galerie sonore :

Juan Torres : Soleá


Juan Torres : Soleá




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