"Alcalá de Guadaíra en la historia del flamenco"

2 CDs MARITA MTCD 10A114

mercredi 21 mai 2008 par Claude Worms

Alcalá de Guadaíra, son chateau, et ses Soleares... Depuis le XVIIIème siècle, le quartier gitan se situe au pied du cháteau, à flan de colline : conglomérat hasardeux de masures construites de bric et de broc, et souvent à demi troglodytes (voir la très judicieuse photo qui orne la jaquette de l’ album) C’ est là que vécurent les grands fondateurs du cante d’ Alcalá : José Fernández Torres "El Gordo", fondateur de la dynastie, ses fils Joaquín de la Paula (1875 - 1933), spécialiste de la Soleá et des "Tangos carnavalescos" (ou Tanguillos ), Agustín Talega, grand siguiriyero, et sa nièce Dolores Tinoco Fernández "La Roezna", qui nous a transmis des variantes anciennes de Soleares, de tempo rapide et "al golpe". L’ essentiel du répertoire de cette première génération de grands cantaores était constitué de Martinetes et Tonás, de Siguiriyas (styles de Tomás el Nitri, Diego el Lebrijano, Manuel Molina, et surtout de Triana - Manuel Cagancho), et surtout de Soleares, dont ils furent souvent les créateurs (surtout Joaquín de la Paula). Les Soleares de Joaquín el de la Paula comptent encore parmi les plus couramment interprétés par les artistes contemporains.

Manolito de María

Ce répertoire a été préservé, et parfois enrichi, par la génération suivante : Enrique de la Paula (un fils de Joaquín), Juan Barcelona (1906 - 1974 - un fils de La Roezna), et surtout Juan Talega (1891 - 1971 - un fils d’ Agustín), et Manolito de María (1904 - 1965 - un neveu de Joaquín el de la Paula), créateur d’ un style très original de Bulerías, dérivé des Bulerías de Cádiz. Ces cantaores n’ ont jamais été professionnels, et ne se sont produits que dans un cadre familial ou dans des fêtes privées, qui leurs procuraient quelques maigres revenus complémentaires. Seuls Juan Talega et Manolito María ont enregistré officiellement, patronnés par Antonio Mairena. Le premier a participé à l’ "Antología del Cante Flamenco y Cante Gitano" dirigéee par Antonio Mairena ( deux LPs Decca - 1968 ; réédition en CD : RCA BMG, collection "Tablao"), et enregistré quelque EPs (notamment l’ excellent "Una reliquia del cante gitano", avec Melchor de Marchena et Niño Ricardo : Columbia SCGE 81172 - 1966). Une compilation lui a été consacrée dans la collection "Grands cantaores du flamenco" (volume 20, Le Chant du Monde LDX 2741032) ; et "Los cantes inéditos de Juan Talega" regroupe quelques enregistrements "live", de qualité sonore très médiocre (Coliseum CD 02539).
La discographie de Manolito María est encore plus réduite, et se résume pour l’ essentiel à sa participation à l’ anthologie "Archivo del cante flamenco" dirigée par J.M. Caballero Bonald (six LPs Vergara - 1968 - jamais réédités en CD), et à quelques autres LPs (Ariola) constitués de prises non retenues dans cette anthologie).

Juan Talega

C’ est dire si ce double album est une aubaine. On y trouvera des enregistrements publics de ces quatre cantaores, captés lors de soirées privées à la "Venta Platilla", ou lors de festivals locaux, par des aficionados : leur valeur documentaire est telle qu’ on oubliera aisément une qualité sonore souvent défectueuse. Ce sont surtout les cantes de Manolito de María, accompagnés par Eduardo de la Malena ou Diego del Gastor, qui retiendront l’ attention : Soleares, Siguiriyas, deux Bulerías, Martinete, deux Tangos, et une Saeta, de quoi documenter substantiellement
notre connaissance du cantaor. Dans la même veine intimiste, le deuxième CD propose aussi cinq enregistrements "live" de José Vásquez Vals "Platerito de Alcalá" (1912 - 1985) : Fandangos, Alegrías de Córdoba, et Saeta, ses cantes de prédilection.

Bernardo el de los Lobitos

Un bonheur ne venant jamais seul, le premier CD commence par la réédition d’ un LP, des années 1950, de Bernardo el de los Lobitos (1887 - 1967), seul artiste véritablement professionnel du lot. Bernardo de los Lobitos est l’ un des plus grands stylistes de l’ histoire du cante, un maître de la "ligne claire", de la sobriété, et de l’ élégance, dont les enregistrements (là encore, scandaleusement peu nombreux), sont tous indispensables : participations à l’ "Antología del cante flamenco" dirigée par Perico el del Lunar (Ducretet - Thomson, Paris - 1954 ; rééditions multiples par Hispavox) ; et surtout un miraculeux "Homenaje a Bernardo el de los Lobitos", avec Luis Maravilla et Perico el del Lunar (1969, réédition Hispavox, collection "Historia del Flamenco" - si vous n’ avez pas ce disque, il est encore temps de réparer cette inexcusable bévue...).

Ajoutons que ces précieux documents sont accompagnés d’ un excellent livret, avec une nomenclature des styles et l’ intégrale des letras (ce qui n’ est pas un luxe, compte tenu de la diction très "andalouse" des artistes et des conditions d’ enregistrement). Ce double album ne risque pas d’ être distribué par la Fnac ou par Virgin : une solution, "El Flamenco Vive" (voir notre rubrique "Liens utiles").

Claude Worms

Galerie sonore :

Bernardo el de los Lobitos : Martinete

Manolito de María / Eduardo de la Malena : Bulerías (style personnel)

Enrique de la Paula / Diego del Gastor : Soleares de Joaquín el de la Paula


Bernardo el de los Lobitos : Martinete
Manolito de María : Bulerías
Enrique de Paula : Soleares




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