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L'Express du 10/11/2005
Indian blues

par Paola Genone

Cent ans après sa naissance, on découvre l'influence amérindienne sur la «musique du diable». Pour preuve, le Pappy Johns Band, présent au festival Blues sur Seine

Les chants des premiers bluesmen américains, descendants d'esclaves, s'envolaient vers leur Afrique natale. Le fait est connu. Mais ils voyageaient également vers les réserves indiennes de la région du delta du Mississippi, là où naquit cette «musique du diable» à la fin du XIXe siècle. Et cela, peu le savent. Pourtant, Robert Johnson et Son House, les fondateurs du blues, avaient des ancêtres indiens. Muddy Waters aussi, qui hérita son nom - «Eaux boueuses» - de sa grand-mère cherokee. Ou Howlin' Wolf - «Loup hurlant» - initié au chant par son aïeul choctaw. Autant de résonances que met au jour le festival Blues sur Seine, grâce aux quatre concerts du Pappy Johns Band, groupe de blues composé de cinq Indiens des tribus Mohawk et Oneida. Une reconnaissance méri-tée, même s'il reste du chemin à faire.

© DR

Les cinq du Pappy Band, Indiens des tribus Mohawk et Oneida, dignes représentants du rez blues, le blues des réserves.

Née dans la réserve des Six Nations, dans l'Ontario (Canada), la musicologue amérindienne Elaine Bomberry, 46 ans, mène, depuis vingt ans, un travail destiné à raconter une histoire que l'Amérique a occultée. «L'esprit des colons gouverne encore ce pays: la majorité de la population noire vit dans des ghettos et les Indiens sont relégués dans les réserves, explique-t-elle. La meilleure façon de contrôler ces gens, c'est d'effacer les traces de leur culture.» Un jour de 1992, toujours à ses recherches, elle lance une question sur le Net: «Croyez-vous que le blues vienne de la musique amérindienne?» Dix secondes plus tard, elle reçoit un e-mail de la petite-fille de Big Joe Williams (1903-1982), le père du blues du Delta, l'informant que, Indien et Noir américain, il était né et avait vécu dans une réserve, comme de nombreux bluesmen du Mississippi. D'après les récits de son grand-père, cette nouvelle musique était le syncrétisme de ces deux cultures.

On retrouve ces litanies incantatoires, ces vibratos nasillards dans les chants des vieux Indiens

«De cette rencontre naquit le rez blues, le blues des réserves», affirme Elaine Bomberry. C'est là que les esclaves africains, après avoir fui les plantations au début du XVIIIe siècle, se forgeaient une nouvelle identité à travers les danses et les rites religieux des Indiens. Ils retrouvaient aussi la pratique des tambours, instruments confisqués par leurs «maîtres», qui s'étaient aperçus qu'ils s'en servaient comme d'un alphabet morse. La collaboration entre ces deux populations se perpétua pendant deux cents ans. Ensemble, ils menèrent des batailles contre les colons. Ensemble, ils marièrent leur musique sur la place du Congo, à La Nouvelle-Orléans, seul endroit où les esclaves - africains et indiens - avaient le droit de jouer et de danser.

Des siècles plus tard, de la voix de Murray Porter, chanteur du Pappy Johns Band, semblent jaillir ces longues plaintes mélodiques que poussaient Robert Johnson et Howlin' Wolf. «Ce sont les échos de nos ancêtres, explique Porter. On retrouve ces litanies incantatoires, ces vibratos nasillards et ces cris lancinants dans les chants des vieux Indiens. Ecoutez Mannish Boy par Muddy Waters. Le "Yauh ho" qu'il entonne a cappella au début de la chanson signifie "Je suis le grand esprit" en langue cherokee.» On s'aperçoit aussi que la façon des bluesmen de faire pleurer les cordes est une pratique que l'on entend chez les chanteurs durant les pow-wow, mais nulle part en Afrique. Comme on découvre que le rythme qui est au cœur du blues, le shuffle, est le même que celui de la stomp dance, la danse cherokee. Ou que les chansons amérindiennes et le blues partagent une structure identique - un soliste chante un thème et le chœur répond. Ce métissage musical s'apparente à un véritable va-et-vient. Impossible, aujourd'hui, de dire qui a influencé qui. Murray Porter l'affirme d'ailleurs ironiquement par le titre d'un de ses albums: 1492, Who Found Who? (1492. Qui a trouvé qui?). C'est une bonne question.


Blues sur Seine, du 10 au 27 novembre (rens.: 01-30-92-35-38). http://www.blues-sur-seine.com/



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